Politiques exposés à des rumeurs sur Internet : des moteurs de recherche en cause

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accueil de Google (Photo : Nicholas Kamm)

[09/07/2011 15:13:43] PARIS (AFP) Les personnalités politiques peuvent faire sur Internet l’objet d’attaques ou de fausses informations visant à ternir leur réputation mais les moteurs de recherche tels que Google ne parviennent pas toujours à les filtrer, selon des professionnels du secteur.

Les moteurs de recherche agrégeant les requêtes les plus fréquentes des internautes, proposent à ceux qui les utilisent des rapprochements de termes, avec le risque d’associations ambiguës voire jugées infamantes.

Il ressort de ce traçage, selon les professionnels du secteur, que de nombreux internautes cherchent à savoir si les personnalités politiques sont juives.

De Nicolas Sarkozy à Olivier Besancenot, de Christine Lagarde à Marie-Georges Buffet, presque tous ont dans les suggestions associées à leur nom le qualificatif “juif”.

Martine Aubry n’est pas concernée par celui-là, mais n’échappe pas pour autant à la rumeur d’internet, comme l’ont relevé ces derniers jours plusieurs articles de presse. Elle a d’ailleurs affirmé vendredi en marge d’un déplacement à Turin qu’elle avait écrit aux sites internet par l’intermédiaire desquels étaient propagées des rumeurs la concernant, pour leur demander de les retirer, faute de quoi, elle porterait plainte.

Dans les moteurs de recherche, trois suggestions accompagnent son nom : l’une concernant son mari, l’autre sa santé et la troisième l’islam.

En retraçant les requêtes effectuées par les internautes sur Google (des requêtes similaires à celles de ses concurrents Bing et Yahoo), on voit que celles concernant la santé de Mme Aubry ou son rapport à l’islam ont explosé en mai et juin.

A ces requêtes répondent blogs, forums et commentaires d’internautes. Les qualificatifs “mari” et “voilée” correspondent à des attaques contre l’époux de Mme Aubry, l’avocat Jean-Louis Brochen, présenté comme “islamiste”. Il avait notamment défendu en 1993, à une époque où aucune loi ne réglementait le port de signes religieux ostentatoires à l’école, des jeunes filles portant le foulard islamique menacées d’exclusion.

Google, condamné en septembre dernier par le tribunal de grande instance de Paris pour “diffamation publique envers un particulier”, après que les expressions “viol”, “sataniste”, ou encore “violeur” ont été associées au nom d’un plaignant (décision dont l’entreprise a fait appel), explique que “Suggest” ne cherche qu’à “faire gagner du temps aux internautes” et que ce service est fondé sur des “statistiques” dénuées de toute “analyse personnelle”.

Interrogé sur la possibilité que des failles existent, le géant du web est laconique : “On met tout en oeuvre pour que cela ne se produise pas”. “Aucun algorithme n’est parfait”, est-il toutefois reconnu.

Chez Refeo, une entreprise spécialiste de la e-réputation et du référencement, un responsable explique que contourner l’algorithme “est théoriquement faisable, mais (que) cela exige des moyens financiers relativement importants”. D’après lui, “l’hypothèse la plus probable, c’est le buzz” : une vidéo ou un article qui s’est propagé très vite sur les réseaux et qui a fait monter la suggestion dans les moteurs de recherche.

En revanche, Simon Vissol, référenceur à Activis, pense lui que “dans une certaine mesure, c’est possible” de faire mentir Google. Le plus “facile à faire”, d’après lui, c’est la création “d’outils automatiques qui vont suggérer des mots-clés à Google”, des outils “très faciles à mettre en oeuvre” et auxquels “Google ne verra rien du tout”.

Un dernier élément à prendre en compte, enfin : une fois que la suggestion apparaît dans Google, la curiosité amène les internautes à cliquer… alimentant aussi le phénomène, et la rumeur.