Un an après la reprise d’Heuliez, les premières voitures électriques sortent

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à Cerizay, le 28 juin 2011 (Photo : Alain Jocard)

[09/07/2011 19:12:33] CERIZAY (Deux-Sèvres) (AFP) Un an après la reprise du site historique du constructeur automobile Heuliez, la société franco-allemande Mia Electric lance à Cerizay (Deux-Sèvres) la production de ses premières voitures électriques, espérant prendre de l’avance dans un marché européen très concurrentiel.

Dans l’enceinte de l’usine Mia Electric, au coeur du bocage poitevin, les façades défraîchies des entrepôts où se lit encore le nom de l’ancien constructeur tranchent avec les chaînes de montage flambant neuves où s’alignent de petits véhicules blancs sur lesquels s’affairent une centaine d’ouvriers.

Douze mois après la reprise in extremis de l’ex-constructeur par le groupe français Baelen Gaillard Industrie (BGI) couplé aux allemands ConEnergy et Kohl pour la branche électrique, près d’une centaine de voitures sont sur le point de sortir des chaînes, avec l’objectif d’un millier par mois à partir de décembre.

“Nous avons obtenu une première homologation. Le véhicule est apte à toutes les circulations, sur routes et autoroutes”, précise Laurent Buffeteau, directeur général de Mia Electric. “Ce n’est pas neutre, car il s’agit d’un petit véhicule et dont la conception est entièrement nouvelle”.

Longue de 2,87 mètres, avec trois places dont un conducteur central, la Mia, dont la ludique carrure cubique a été signée par le designer automobile turc Murat Günak, designer en chef chez Volkswagen, ne pèse que 750 kilos.

La batterie, composée de lithium phosphate de fer, se charge en 02H30 sur une prise électrique et promet une autonomie en ville de 80 à 100 kms, avec des pointes à 110km/heure.

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usine de Cerisay, le 28 juin 2011 (Photo : Alain Jocard)

“Nous avons créé une voiture électrique, et non pas une voiture électrifiée comme l’ont fait nombre de constructeurs”, explique Richard Deslandes, commercial pour le Royaume-Uni.

Dans ce contexte, l’expertise de la branche électrique de l’ancien équipementier poitevin, a été décisive. “Ce projet de voiture électrique était déjà bien développé” chez Heuliez, rappelle M. Buffeteau. “Le coeur de notre main d’oeuvre reste Heuliez où il y a un savoir-faire industriel exceptionnel”.

Plus crucial encore pour l’entreprise, qui comptait 35 salariés en 2010 et vise 300 employés d’ici fin 2011, a été le soutien du conseil régional de Poitou-Charentes, mettant fin à trois ans d’incertitude sur l’avenir de l’entreprise en graves difficultés.

Après un apport de 5 millions d’euros dans le capital initial, permettant de convaincre des repreneurs d’investir, la région a garanti en mars un prêt de 8 millions d’euros. Elle détient aujourd’hui 16% de la société.

Dévoilée en mars au Salon de l?automobile de Genève, la Mia sera vendue d’abord à des collectivités ou des entreprises, puis disponible pour les particuliers en 2012. Une cinquantaine de municipalités françaises sont en contact avec l’entreprise, ainsi que Londres et des collectivités allemandes.

Avec le bonus écologique, un particulier peut l’acquérir autour de 15.000 euros, précise le constructeur.

“Il y a une réelle place sur ce marché géant pour notre petite PME avec un produit tout à fait original. Nous participons tous à des évolutions des mentalités”, veut croire M. Buffeteau.

“Nous pensons avoir de l’ordre de six mois d’avance pour la fourniture aux clients” sur la concurrence, estime-t-il. “Nous sommes un confetti: Renault parle de plusieurs milliards d’investissement, nous c’est 35 millions. Nous tablons sur 12.000 véhicules par an, les majors sur 400.000 véhicules annuels”, rappelle-t-il.

Reste à créer un savoir-faire commercial, rappelle M. Buffeteau : “On s’attaque à l’Europe car c’est plus le proche, mais nous avons aussi des contacts en Chine”.