à Latakia dans une vidéo postée sur YouTube, le 1er juillet 2011 |
[11/07/2011 09:11:19] DUBAI (AFP) Le régime syrien recourt aux armes pour réprimer les manifestants en plein jour, tout en leur livrant de nuit une bataille secrète sur l’espace virtuel, seule arme des cyberdissidents face aux chars et aux mitraillettes.
“Un grand nombre de sites web et de pages Facebook ont été attaqués par les partisans” du régime, affirme Ahed al-Hindi, qui se présente comme le coordinateur des programmes arabes pour Cyberdissidents.org.
Les réseaux sociaux jouent un rôle de premier plan dans la mobilisation depuis le début du soulèvement populaire le 15 mars, dont la répression a fait plus de 1.300 morts selon différentes ONG.
Dans son dernier discours, le 20 juin, le président Bachar al-Assad avait rendu hommage aux jeunes de “l’armée électronique syrienne”, qui, selon M. Hindi, “a des commentaires pro-Assad sur beaucoup de sites hostiles au régime, dont des menaces de mort et des insultes”.
Cette “armée électronique” dispose d’une page Facebook qui détaille “les dernières attaques” menées par ses membres.
“L’armée électronique rassemble un grand nombre de pirates électroniques pro-régime qui attaquent à la fois la page d’un activiste donné. Ils envoient des milliers de messages contre cette page, jusqu’à ce que l’administration Facebook les ferme”, explique Rami Nakhleh, 28 ans, un cyberactiviste.
Les opposants pour leur part se sont organisés pour contrer “les tentatives de pirater les pages de la Révolte” sur Facebook, affirme un autre activiste qui ne veut être identifié que par son prénom, Azher.
“L’armée électronique a été attaquée à 26 reprises”, ajoute ce jeune homme, qui s’est réfugié en mars dans un pays arabe pour échapper aux services de renseignement syriens, à ses trousses pour ses activités sur Internet.
Les opposants au régime ont même formé une “coalition des pirates informatiques syriens libres pour soutenir la révolte”.
Ils affirment sur leur page que des dizaines de sites gouvernementaux syriens et iraniens ont été attaqués ces derniers mois dont plus de 140 pour la seule journée du 3 juin.
à Hama, le 1er juillet 2011 |
Azher accuse les agents du régime de poster des messages sur les pages du soulèvement, “appelant à la violence et au confessionnalisme”, puis de les reproduire sur leurs propres sites afin de “d’accuser l’opposition de promouvoir la haine”.
“Les casseurs qui battent les manifestants de jour sont les mêmes qui perturbent leurs activités sur les réseaux sociaux en soirée”, affirme Nakhleh.
Haidara Souleiman, qui dirige la principale page de Bachar al-Assad sur Facebook et fait partie de l’armée électronique syrienne, affirme à l’AFP que “les médias officiels sont malheureusement faibles”.
“C’est pourquoi nous avons recours aux médias électroniques pour montrer aux gens ce qui se passe”, ajoute ce fils de l’ambassadeur syrien à Amman Bahjat Souleiman, un influent officier des services de renseignements.
Les autorités syriennes interdisant à la plupart des journalistes étrangers de couvrir le soulèvement, les médias internationaux dépendent en grande partie des vidéos de manifestants postés sur YouTube et d’autres sites internet.
Ces vidéos ont évolué depuis le début des manifestations le 15 mars, et affichent désormais la date et le lieu des manifestations filmées, des informations répétées de vive voix par la personne filmant les scènes, malgré les risques encourus.
Une vidéo datant du 1er juillet postée sur YouTube montre ainsi un jeune homme abattu à bout portant par les forces de sécurité alors qu’il filmait des soldant tirant dans un quartier de la ville rebelle de Homs.
“Les activistes passent des fois une nuit entière pour télécharger une vidéo de deux minutes en raison d’une connexion très lente. Ils savent que c’est notre seule arme contre la propagande du régime”, affirme Nakhleh.
Mais pour Azher, “la vraie bataille est celle qui se déroule sur le terrain”.