«L’action associative a besoin aujourd’hui de ressources humaines qualifiées et d’un accès aux techniques modernes d’organisation, de gestion et de communication», souligne Foued Hamdane, Libanais, expert international en communication, formateur auprès des ONG, lors d’un séjour récent en Tunisie.
Depuis quelques mois, la Tunisie a vu une prolifération d’associations et d’organisations non gouvernementales, qui se donnent pour vocation de soutenir la période de transition démocratique que vit le pays ou de promouvoir des objectifs divers et des valeurs de développement et de solidarité. Chaque association ou ONG aura sans doute un rôle important à jouer dans la société, un champ d’action spécifique pour atteindre sa cible, des objectifs à court, moyen et long termes, et une mission d’implication et de participation à la vie publique. Certaines ONG font preuve d’un grand professionnalisme en matière de concepts de projets et d’intervention sociale. D’autres continuent à avoir un certain amateurisme dans la gestion de leurs projets, faute de moyens, de ressources humaines qualifiées ou même d’accès à des cycles divers de formation et d’encadrement.
Dans le but de soutenir l’action associative en Tunisie à travers une approche moderne de formation aux stratégies de communication, un cycle de formation et de coaching association a été récemment organisé (les 27, 28 et 29 juin 2011) à la Cité des Sciences de Tunis, à l’initiative de l’organisation internationale MICT (Media In Cooperation and Transition) avec le soutien financier du ministère allemand des Affaires étrangères.
Offert gratuitement à un nombre limité d’associations tunisiennes (au nombre de 5), ce cycle de formation a pu réunir une dizaine de responsables chargés de la communication ou porte-paroles au sein de leurs organisations, en vue de les initier aux outils et techniques en matière de communication associative et les démarches à suivre pour la mise en place de stratégies performantes.
Deux formateurs, experts internationaux en communication, un Tunisien, Kouraich Jaouahdou, et un Libanais, Foued Hamdane, ont animé ce premier cycle de formation qui devrait continuer périodiquement à travers des modules de perfectionnement et de suivi pratique.
«La communication stratégique est l’arme pacifique d’une association ou d’une ONG. Ces dernières sont cependant des piliers fondamentaux de la société civile et ont besoin plus que jamais de former leurs cadres et responsables, mais aussi de renforcer leur professionnalisme sur plusieurs plans: de l’identification des besoins et de la cible au concept du programme, des objectifs du projet à l’élaboration des messages, de la recherche des fonds à la réalisation et la gestion des activités… Dans tout ce processus, la stratégie de communication devient très utile voire nécessaire», a souligné M. Hamdane, lors de son séjour récent en Tunisie. «Former les porte-paroles et les chargés de la communication est en effet l’une des missions les plus sollicitées aujourd’hui par la société civile tunisienne. Car une action associative perd énormément en efficacité et en performance si elle est gérée sans stratégies ou outils de communication», indiquera le conférencier.
Il est vrai qu’aujourd’hui les associations les plus riches utilisent une palette très large de techniques de communication issues du secteur commercial. D’autres font recours à des professionnels en communication institutionnelle ou à des agences conseils en marketing et communication, en vue de créer des visuels attractifs et originaux de campagnes ou d’établir des stratégies de promotion -dont la finalité est généralement la collecte de fonds ou le changement des perceptions… Conférences de presse, communiqués, interviews, brochures, affiches, newsletters, spots, interpellations sur les places publiques, exploitation des réseaux sociaux, e-mailings, lobbying, actions événementielles… sont autant d’outils de déploiement de la communication des ONG pour faire connaître leurs actions et chercher à se distinguer dans la vague sociale, citoyenne ou humanitaire. «Mais l’objectif premier des campagnes de communication des ONG est de sensibiliser le public aux causes qu’elles défendent, lesquelles ont d’abord une mission informative. En même temps, il s’agit, à terme, de donner au public l’envie de soutenir l’association. Il est très recommandé qu’avant de communiquer, une organisation doive élaborer une stratégie, assortie de moyens et de critères d’évaluations», souligne Kouraich Jaouahdou, formateur tunisien en communication d’ONG.
Le marketing social est, en effet, un mode de pensée et un outil au service de la gestion du secteur non lucratif. Mais risque-t-on aujourd’hui un glissement d’une logique non marchande à une logique commerciale dans l’action associative? Une réflexion éthique est-elle nécessaire aujourd’hui pour un meilleur rendement social des associations?
(Communiqué de l’association «Initiatives ONE WORLD»)