à Washington (Photo : Brendan Smialowski) |
[12/07/2011 06:26:54] WASHINGTON (AFP) La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a jugé que l’effort de la Grèce pour réduire son déficit budgétaire n’était toujours “pas suffisant”, au cours d’une rencontre avec une quinzaine d’agences de presse à Washington lundi, dont voici les grandes lignes.
Remarques préliminaires de Mme Lagarde:
“La Grèce a accompli beaucoup de travail pour réduire les déficits et réussir un rééquilibrage du budget de l’ordre de 5 points du PIB. C’est une performance considérable. De la même manière nous savons tous que ce n’est pas suffisant, qu’il faut en faire plus, et que la solution aux problèmes actuels devra être élaborée entre partenaires, y compris le gouvernement grec, la troïka [FMI, Commission et Banque centrale européennes, ndlr] et d’autres. Et de préférence les représentants grecs dans leur ensemble, à savoir des membres de l’opposition ainsi que du gouvernement. C’est un travail en cours, un chantier qui avance, et ce qui en sortira sera certainement discuté davantage à mesure que le travail est accompli.
“Concernant l’Italie, il y a eu une revue au titre de l’article IV conduite par le Fonds. Encore une fois, certains des chiffres italiens sont excellents. Le déficit primaire [hors intérêts de la dette, ndlr] de l’Italie est l’un des meilleurs. La dette est tout à fait particulière dans ses caractéristiques dans le sens où une grande partie est détenue par les nationaux. Il est clair que l’Italie est confrontée actuellement à des problèmes qui sont essentiellement entraînés par les marchés, et auxquels, j’en suis sûre, le gouvernement italien avec ses partenaires européens sera très attentif. C’est clairement un fait que la croissance italienne doit s’améliorer. C’est essentiel pour rétablir la situation de l’Italie, en plus des mesures de rééquilibrage du budget qui ont déjà été décidées, représentant avec les mesures antérieures du plan d’austérité plus de 2% du PIB, avec l’objectif de revenir à un déficit de 3% en 2012”.
Q: Quelles sont les conditions à la participation du FMI à un nouveau plan d’aide pour la Grèce?
R: “De mon point de vue, eu égard à un éventuel nouveau programme, nous n’en sommes pas encore au stade de la discussion sur les conditions, les termes, la durée et le volume. Et il ne faut rien considérer comme acquis”.
Q: Est-ce que les banques ont les fonds propres pour supporter une restructuration de la dette grecque? Est-ce la raison pour laquelle cette question n’a pas encore été discutée au FMI?
R: “Je ne pense pas qu’il y ait de lien entre les deux. Les tests de résistance arrivent en fin de semaine. Attendons d’avoir les tests de résistance pour essayer d’évaluer quelle est la force, la solidité relative par rapport à des pertes potentielles. Je ne tire pas de conclusion à ce stade”.
Q: Pouvez-vous nous dire ce que le FMI considère comme un défaut de paiement pour un pays comme la Grèce?
R: “Je ne vais pas répondre à votre question. Parce que la dernière chose que je veux faire aujourd’hui, étant donné que les discussions sont en cours, est d’ajouter un peu d’huile sur le feu, ou faire une déclaration qui pourrait être mal interprétée.
Q: Vous disiez que les problèmes de l’Italie étaient liés aux marchés. Dans quelle mesure viennent-ils des agences de notation?
R: “Elles jouent un rôle, il n’y a pas de doute là-dessus.
Q: Comment le qualifier?
R: “C’est exprès si je n’ai qualifié le rôle joué par les agences de notation. Elles jouent un rôle.
Q: Le mois dernier, vous défendiez le point de vue français dans la crise de la zone euro. Maintenant vous êtes à la tête du FMI. Comment combine-t-on son point de vue de Française et de directrice générale du FMI?
R: “La question n’est pas tant de savoir comment je combine les deux mais de faire en sorte que je différencie suffisamment mon rôle en tant que directrice générale du FMI de ce que je faisais en tant que ministre des Finances en France. Et j’ai tourné cette page.
“Cela ne veut pas dire que je l’ai effacée. J’ai l’expertise, la compréhension. Je connais les gens impliqués extrêmement bien. Je comprends les dynamiques au sein du groupe. Et je peux m’appuyer là-dessus pour faire avancer les objectifs du Fonds, avec la stabilité comme principe dominant. Et aujourd’hui, mon rôle est d’aider des pays en particulier, ou des groupes de pays, à obtenir la stabilité et un accès au marché. Mais ce sur quoi je me concentre aujourd’hui, et mon rôle aujourd’hui, est d’agir, de travailler, de penser, de porter des messages, en tant que directrice générale du Fonds. Et le Fonds a 187 membres. Il se trouve qu’il y a des inquiétudes immenses sur la zone euro en particulier en ce moment, mais il pourrait aussi y en avoir ailleurs. Et je dois être consciente du fait, et d’ailleurs j’en suis consciente, que je dois rendre des comptes non seulement à la zone euro, mais à tous les pays membres”.