Polémique en Roumanie sur l’absorption “désastreuse” de fonds européens

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à Bucarest (Photo : Daniel Mihailescu)

[12/07/2011 14:42:05] BUCAREST (AFP) Dernière entrée dans l’Union européenne, la Roumanie bénéficie d’importants fonds communautaires pour combler son retard de développement mais le taux d’absorption “désastreux” de cet argent suscite une vive polémique, les autorités étant accusés d’incompétence et d’opacité.

Mardi, un rapport de l’Institut pour les politiques publiques (IPP), une ONG roumaine, a tiré la sonnette d’alarme.

“La Roumanie est dans une situation inquiétante”, a souligné la directrice de l’IPP, Violeta Alexandru.

Taux d’absorption des fonds dramatiquement bas, absence de vision qui aboutit à financer des centres d’affaires sans être sûrs de leur impact économique, plutôt que de mettre la priorité sur des secteurs clés et sous-financés comme la santé, externalisation à outrance de la gestion des projets européens: le rapport est sévère pour les autorités de tous les niveaux et bords politiques.

“La préoccupation exclusive est de comment dépenser davantage sans se préoccuper de comment et avec quel résultat”, regrettent les experts de l’IPP, qui estiment avoir vécu “un calvaire” pour collecter des informations sur ce sujet auprès des autorités roumaines.

Mais, même la quantité des fonds absorbés fait l’objet de critiques acerbes des médias, des ONG, de l’opposition et même du Premier ministre roumain de centre-droit Emil Boc, la crise économique qui a limité les possibilités de co-financement n’expliquant pas tout.

“Qui prendra ses responsabilités pour le désastre? Qui quittera le gouvernement car la Roumanie a réussi la triste performance d’absorber moins de 3,5% des fonds mis à sa disposition par l’UE” depuis 2007, s’interroge le journaliste Dan Tapalaga dans un éditorial sur le site d’information en ligne Hotnews.ro.

Le Premier ministre a lui aussi admis la médiocrité des performances de Bucarest.

“Par taux d’absorption, l’UE ne fait pas référence aux contrats en projet, signés ou préfinancés mais aux remboursements effectifs, à l’argent qui a été utilisé et en ce moment la Roumanie est très mauvaise dans ce domaine”, a déclaré M. Boc samedi.

Bucarest bénéficie d’environ 20 milliards d’euros de fonds européens entre 2007 et 2013, notamment au titre du Fonds social, de cohésion et du développement régional. Le taux d’absorption hors avances est de 3,4% à la mi-2011, a confirmé à l’AFP Ton van Lierop, porte-parole du Commissaire européen chargé de la politique régionale Johannes Hahn.

“Il est très important d’avoir une bonne coordination” pour utiliser au maximum les fonds disponibles, a-t-il souligné.

L’IPP, comme d’autres experts, recommandent la “création d’un ministère spécial” chargé de coordonner et de suivre l’utilisation des fonds européens.

En Bulgarie, pays entré en même temps que la Roumanie dans l’UE en 2007, la création d’un ministère spécial a dynamisé l’utilisation de l’aide européenne.

Interrogé par l’AFP sur la création d’une telle institution, le bureau du Premier ministre n’avait pas donné de réponse mardi en milieu d’après-midi.

Une utilisation plus large et ciblée de ces fonds sera en tout cas cruciale pour les négociations concernant le prochain exercice budgétaire de l’UE, entre 2014 et 2020, relèvent les experts.