Belvédère et son PDG lourdement condamnés par le gendarme de la Bourse

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édère Jacques Rouvroy, le 14 février 2011 à Dijon (Photo : Jeff Pachoud)

[12/07/2011 18:11:49] PARIS (AFP) Le groupe de spiritueux Belvédère et son PDG Jacques Rouvroy ont écopé mardi de lourdes amendes infligées par le gendarme de la Bourse de Paris au terme de trois années d’enquête sur une manipulation du cours de la société, à l’avenir aujourd’hui incertain.

La Commission des sanctions de l’Autorité française des marchés financiers (AMF) a condamné le PDG, Jacques Rouvroy, à 100.000 euros d’amendes, Belvédère à 30.000 euros et trois sociétés qu’il contrôlait, Financière du Vignoble, Polmos Lancut et Sobieski, toutes trois à 15.000 euros chacune.

Les condamnations à l’encontre de Belvédère, prononcées dans une décision rendue publique mardi soir sur le site de l’AMF, ont pour motivation la manipulation de cours et le défaut d’information du public.

L’AMF avait ouvert une enquête en juillet 2008, au moment où l’action Belvédère était suspendue après avoir chuté lourdement sur des craintes pesant sur les finances de la société, qui elle-même était placée sous procédure de sauvegarde.

Le gendarme boursier français a ensuite cherché à examiner la stratégie d’achat d’actions conduite par M. Rouvroy, surtout de juillet 2008 à mars 2009, mais également les déclarations au public, notamment des franchissements de seuils par le PDG et les sociétés qu’il contrôlait.

Au total, l’AMF reproche à M. Rouvroy et ses sociétés d’avoir menti dans leurs déclarations au public sur la détention de titres Belvédère et d’avoir artificiellement soutenu le cours de Bourse.

La Commission des sanctions a jugé que ces manquements sont “d’une réelle gravité” et que les agissements de M. Rouvroy “qui a pu croire +défendre+ ainsi le groupe justifient” l’amende de 100.000 euros qui lui est attribuée.

Contacté par l’AFP, M. Rouvroy, à l’encontre de qui l’AMF avait requis 1,1 million d’euros d’amende, n’était pas joignable dans l’immédiat.

Cette sanction intervient alors que Belvédère, septième producteur mondial de vodka, est placé depuis juillet 2008 sous procédure de sauvegarde.

Les modalités ont été homologuées en novembre 2009 par la justice, afin de pouvoir rééchelonner sur dix ans sa dette, évaluée alors à près de 580 millions d’euros. En 2009, celui-ci a accusé une perte sans précédent de 178 millions d’euros, selon les derniers chiffres disponibles sur son site internet.

Or, le 7 juin, la cour d’appel de Dijon avait confirmé la fin du plan de sauvegarde du groupe, qui le plaçait sous la protection de la justice face à ses créanciers, faute de respect des conditions de ce plan, ce que contestait ses dirigeants.

Mais, coup de théâtre, le tribunal de commerce de Nîmes a placé le 1er juillet Belvédère en procédure de sauvegarde, faisant droit à la demande de Moncigale, maison de vins de Beaucaire dans le Gard.

Moncigale, qui est endetté, appartient au groupe Marie Brizard, lui-même filiale à 100% du groupe Belvédère.

Cette décision, communiquée par Belvédère, permet à la société de poursuivre son activité et d'”engager des négociations avec ses créanciers afin d’apurer sa dette”.

Belvédère, dont le siège social est à Beaune (Côte d’Or), emploie 4.700 salariés principalement en Pologne, en France et en Espagne. Outre la marque Sobieski, il possède notamment Marie Brizard (Manzanita, Curaçao Bleu), les whisky Glen Roger’s et William Peel et la vodka Danska.

Le cours de Belvédère, dont l’acteur américain Bruce Willis assure la promotion des produits sur le site internet de la société, a perdu mardi 4,20% à 51,35 euros, dans un marché en repli de 0,88%.