évrier 2011 à Givors (Photo : Jean-Philippe Ksiazek) |
[13/07/2011 06:53:20] RIO DE JANEIRO (AFP) Le groupe français de distribution Casino a remporté mardi soir la bataille du marché brésilien sur son grand rival français Carrefour, qui a échoué dans sa tentative de fusion avec le numéro un du Brésil, CBD Pao de Açucar.
L’allié de Carrefour, l’homme d’affaires brésilien Abilio Diniz, a jeté l’éponge après deux revers: le rejet de l’offre de fusion par le Conseil d’administration de Casino dans la matinée à Paris et, quelques heures plus tard, l’annonce par la banque publique brésilienne d’investissement BNDES de son retrait de l’opération, faute de consensus entre les parties.
Les deux groupes français se disputent le Brésil, un marché en forte croissance et un des pays clé sur lequels ils ont bâti leur stratégie d’expansion internationale.
Abilio Diniz, 75 ans, fondateur de Pao de Açucar et initiateur du renversement d’alliance entre les deux ennemis français, a reconnu sa défaite dans la soirée.
Le rejet du projet par le CA de Casino, qui détient 43,1% du numéro un brésilien de la distribution, “nous amène à suspendre temporairement la proposition, avec le ferme objectif de maintenir un dialogue ouvert”, ont déclaré dans un communiqué le groupe Gama, qui aurait pris le contrôle du nouveau géant de la distribution au Brésil, et la banque BTG Pactual, qui représente Diniz dans l’opération.
Ils ont ajouté qu’il s’agissait d’une “proposition amicale, sujette à l’approbation des actionnaires, conformément aux contrats en vigueur”. Ils affirment que leur offre était “une opportunité exceptionnelle” et soulignent que la proposition de fusion “pourra être réévaluée à l’avenir”.
Ce projet, dévoilé par Carrefour le 28 juin, visait à donner naissance à un géant de la distribution brésilienne générant 30 milliards d’euros de ventes, avec des synergies estimées entre 600 et 800 millions d’euros.
Peu auparavant, le coup de grâce avait été porté par la BNDES. Ce bras de l’Etat dans l’économie brésilienne devait apporter à l’opération quelque deux milliards d’euros et, surtout, marquait le soutien du gouvernement à l’opération.
Mais face à la farouche résistance de Casino, aux craintes de monopole et aux attaques de l’opposition sur l’intervention de l’Etat dans un conflit entre deux acteurs privés étrangers, le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff a pris ses distances ces derniers jours avec l’opération.
Mardi soir, la banque publique a annoncé officiellement qu’elle se retirait, soulignant que sa participation était conditionnée “à l’accord de toutes les parties concernées”.
La BNDES a annoncé dans un communiqué qu’elle “a annulé sa participation à l’opération (…) en raison du non respect des conditions établies”, ajoutant que, “comme réitéré à diverses reprises, la condition d’une éventuelle participation de la BNDESPAR à cette opération était l’accord de toutes les parties concernées”.
La décision de la banque a fait suite au rejet unanime du projet – à l’exception d’Abilio Diniz – par les administrateurs de Casino réunis mardi matin à Paris pour une réunion extraordinaire du conseil d?administration.
Le PDG du groupe Jean-Charles Naouri, détenteur d’un peu plus de la moitié du capital de Casino et fort d’une option pour prendre le contrôle de CBD mi-2012, s’était opposé d’emblée à une alliance entre CBD et les actifs brésiliens de Carrefour.
En revanche, Carrefour a encore défendu mardi l’opération. “Ce projet présente à nos yeux un véritable potentiel de création de valeur dans l’intérêt de l’ensemble des actionnaires”, a indiqué une porte-parole à l’AFP.