La tendance à la hausse vers la parentalité tardive a amené les chercheurs à
présenter les résultats de leurs études devant près de 9.000 participants de
diverses nationalités lors du congrès annuel de la Société Européenne de
Reproduction Humaine et d’Embryologie (ESHRE), qui s’est tenu cette année à
Stockholm, en Suède.
Parmi les thématiques abordées par ce congrès mondial, les questions liées à la
sécurité des patients et aux coûts des nouveaux traitements de fertilisation et
reproduction dans les pays du Maghreb. Un intérêt particulier a été accordé à
l’étude du Pr. Neil Cashman, qui met en évidence le risque des produits
pharmaceutiques dérivés d’urine dans le traitement de l’infertilité féminine.
En effet, selon cette étude, les femmes ayant été sujettes à des injections de
produits fertilisants dérivés d’urine risquent de développer une maladie à
prion, à l’origine de problèmes de santé d’ordre neurologique comme la maladie
de Creutzfeldt-Jakob chez l’être humain ou encore le syndrome de la vache folle
chez les bovins. Les résultats de cette étude internationale font état de
l’avancée des recherches scientifiques et met en comparaison les risques liés
aux produits dérivés d’urines par rapport aux produits recombinants, une
alternative déjà existante sur le marché maghrébin.
«Nous avons pour la première fois détecté des protéines prions dans les produits
pharmaceutiques dérivés d’urines mais pas dans les produits pharmaceutiques dits
recombinants», a déclaré le Pr. Cashman, spécialiste en Neurologie, directeur
scientifique de PrioNet Canada et membre du directoire du centre de recherche en
neurodégénérescence et anomalies de configuration protéique à l’Université de
British-Columbia.
«Il est important d’examiner si les risques de ces produits peuvent désormais
l’emporter sur leurs avantages», a souligné le Pr. Cashman, ajoutant que
l’ampleur du risque est à ce point difficile à déterminer et des études
scientifiques plus poussées seront nécessaires.
En effet, les résultats indiquent que les méthodes actuelles de dépistage ne
permettent pas de détecter les prions dans l’urine de donneurs infectés, car ces
derniers sont souvent mélangés à celle de milliers d’autres donneurs, ce qui
rend impossible l’identification de ceux infectés.
«En tant que médecin neurologue, je pense que si une alternative plus sûre est
disponible, elle devrait être utilisée à moins que le coût ne soit vraiment
prohibitif. Mais le coût doit être décidé par chaque patiente et le risque
éventuel doit être connu par chaque médecin traitant», ajoutera le Pr. Cashman.
Près de 100.000 femmes au Maghreb se voient prescrire chaque année des hormones
de fertilité, parfois dérivés d’urine. Il est à noter qu’en Afrique du Nord, la
différence de coût pour un traitement dérivé d’urine ou à base d’hormones
recombinantes est quasiment inexistante. En attendant de connaître la position
des autorités locales sur les mesures à prendre, le choix revient donc au
médecin traitant et à la patiente quant aux risques des produits urinaires.
D’autant plus que la sécurité sociale au Maroc, Algérie et Tunisie prend en
charge les deux versions du traitement déjà commercialisées sur ces marchés.
Les spécialistes maghrébins se sont également penchés sur la personnalisation du
traitement hormonal, comme une méthode efficace d’anticipation des résultats et
par conséquent d’optimisation de coût pour le patient. A ce titre, l’étude du
Dr. Luciano Nardo a démontré que l’hormone AMH peut être utilisée comme un
marqueur de dépistage efficace, à envisager avant la prescription de tout
traitement. «Dans les pratiques cliniques, nous avons constaté qu’en utilisant
l’AMH, nous pouvions mieux prédire la réponse au traitement de stimulations
ovariennes. Les femmes devraient faire ce test avant la fécondation in vitro
(FIV) afin d’obtenir des informations sur leurs chances de succès et déterminer
le traitement le plus approprié. Il a été démontré qu’en mesurant l’AMH, nous
pouvions réduire le coût du traitement à près d’un tiers de sa valeur, ce qui
est un aspect non négligeable pour beaucoup de patientes», à déclarer le Dr.
Nardo, interviewé à la suite de sa communication à l’ESHRE.