Dette américaine : Moody’s menace d’abaisser sa note, mise en garde de la Fed contre une “crise majeure”

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éunion avec les dirigeants du Congrès, le 13 juillet 2011 à la Maison Blanche, à Washington (Photo : Mandel Ngan)

[14/07/2011 05:35:35] WASHINGTON (AFP) La tension est brusquement montée mercredi autour de l’impasse du débat budgétaire aux Etats-Unis, le président de la Fed mettant en garde contre une “crise majeure” et l’agence Moody’s précisant sa menace d’abaisser la note de dette du pays.

Alors que le président Barack Obama a retrouvé en fin d’après-midi les dirigeants du Congrès pour la quatrième journée consécutive de négociations, les positions des démocrates et des républicains paraissaient toujours aussi difficiles à réconcilier, à l’approche de la date butoir du 2 août.

Les républicains majoritaires à la Chambre des représentants refusent de relever le plafond de la dette fédérale sans coupes drastiques dans les dépenses afin de s’attaquer à un déficit sans précédent. M. Obama souhaite accompagner ces mesures d’une hausse de la fiscalité pour les plus riches, un chiffon rouge pour ses adversaires.

Les réunions quotidiennes organisées depuis dimanche à la Maison Blanche n’ont jusqu’ici abouti à aucun résultat concret. Celle de mercredi a donné lieu à des compte-rendus contradictoires de chaque camp.

Selon un conseiller républicain s’exprimant sous couvert de l’anonymat, M. Obama “s’est échauffé” et a insisté pour qu’un accord global soit trouvé, après que le chef de la majorité républicaine à la Chambre, Eric Cantor eut proposé de relever le plafond de la dette en plusieurs fois.

Un conseiller démocrate, tout en reconnaissant que M. Obama, impatient face à l’approche du 2 août, avait dit “c’est assez”, a démenti que le président ait abruptement quitté la pièce.

De même source, M. Obama a prévenu ses adversaires républicains qu’il opposerait son veto à un accord qui ne permettrait de relever le plafond de la dette qu’à court terme. Les négociations doivent reprendre jeudi à 16H15 (20H15 GMT).

Plus tôt mercredi, le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a averti qu’un défaut de paiement créerait des “problèmes énormes” pour le pays et une “crise majeure” à l’échelle mondiale.

“Il faut à la fois un relèvement du plafond de la dette qui nous permettrait d’éviter un défaut” de paiement, mais “aussi que nous prenions des mesures sérieuses pour changer la trajectoire intenable de notre situation budgétaire” à long terme, a dit M. Bernanke devant la Commission des services financiers de la Chambre. “Je pense que ces deux objectifs peuvent être atteints”.

Et pour encore rappeler l’urgence d’une solution, Moody’s, l’une des grandes agences d’évaluation financière, a annoncé mercredi qu’elle envisageait d’abaisser la note de dette des Etats-Unis, actuellement la meilleure possible avec “Aaa”, “étant donné la donné la probabilité croissante que la limite légale à la dette ne sera pas relevée dans les temps”.

Ce nouveau coup de semonce a été abondamment évoqué lors de la réunion de mercredi, selon un responsable démocrate.

“La façon dont Moody’s évalue les choses est un rappel opportun de la nécessité pour le Congrès d’agir rapidement pour éviter de faire défaut sur les obligations du pays”, a réagi un secrétaire adjoint au Trésor américain, Jeffrey Goldstein.

De son côté, le bureau du président républicain de la Chambre, John Boehner, a estimé que l’annonce de Moody’s illustrait la nécessité pour “la Maison Blanche d’agir rapidement pour régler la crise de la dette de notre pays, (sinon) les marchés pourraient le faire pour nous”.

L’Etat fédéral a atteint à la mi-mai le plafond de la dette que lui autorise la loi, à savoir 14.294 milliards de dollars. Depuis, le Trésor a eu recours à des mesures techniques pour rester sous cette barre, dont il estime qu’elles seront épuisées le 2 août.