En ces jours où les Tunisiens sont appelés, depuis le 11 juillet jusqu’au 2 août, à s’inscrire sur les listes électorales pour les élections de l’Assemblée nationale constituante prévues le 23 octobre prochain, il n’est pas inutile de prendre connaissance de ce petit ouvrage qui propose «une terminologie commune» souhaitable dans la mesure où elle ne peut qu’enrichir un débat, positif (nécessaire à) la construction de l’avenir de la Tunisie. En clair, l’ouvrage propose un éclairage sur nombre de questions et de concepts politiques ayant été, hier comme aujourd’hui (surtout), au centre de polémiques souvent houleuses ayant trait –de façon générale– à la démocratie, à la laïcité, au pouvoir et à la religion.
Quelle démocratie?
Partant de l’un des principes de la démocratie qui veut que la voix de la majorité l’emporte sur le reste, l’auteur, en soulignant les dangers possibles que peut présenter ce principe (majorité fictive, incompétente ou carrément antidémocratique), et afin de préserver les droits de la (ou les) minorité (s), passe en revue les autres principes de la démocratie (Etat de droit, respect de la hiérarchie des normes, séparation des pouvoirs, respect des droits de l’homme…) pour insister sur le fait que «dans les sociétés libres des Etats démocratiques, les gens échangent leurs opinions sur un grand nombre de sujets sans que cela débouche sur des actes de violence. La liberté de parole est un droit fondamental, mais il n’est pas absolu. Il ne saurait être invoqué pour justifier l’incitation à la haine et à la violence, ou la diffamation et l’obscénité».
De la laïcité
Chapitre très intéressant que celui réservé à la laïcité et lequel établit également la différence entre «laïcité stricte» (séparation des pouvoirs religieux et politiques) et «laïcité ouverte» (celle qui prône une souplesse dans la coexistence de la religion et du politique, à condition que soient respectés les droits de tous les citoyens). Dans les pays musulmans, observe l’auteur, la question de la laïcité reste assez ambiguë. Tantôt taxée d’athéisme, tantôt d’intolérance, elle divise encore beaucoup de monde. En une phrase lapidaire mais très édifiante, l’auteur précise que «la laïcité exige tout simplement que les normes et les institutions publiques ne prennent pas leur sources dans la religion, non que les individus se défassent de leurs croyances religieuses». Et d’ajouter: « Le débat sur la laïcité ne porte pas sur la mise en question de l’islam chez les Tunisiens, mais sur l’islamisation de l’espace public ». Un peu plus loin, l’auteur précise encore davantage: «La laïcité n’est pas contre l’islam, mais fait de l’islam une conviction personnelle qui ne fait pas intervenir l’Etat».
Le legs de Ben Ali
Au fait: pourquoi est-ce que tout d’un coup la question de la laïcité a fait surface depuis le 14 janvier?… Explication de l’auteur: «Avant la Révolution, Ben Ali nous faisait un chantage: soit lui, avec son escroquerie, soit les extrémistes. Après son départ, une vague d’extrémistes, profitant du vide, s’est mise à émerger ici et là pour prendre la Tunisie en otage».
On lira également et avec beaucoup d’intérêt des exemples de pays qui ont mis ou pas à contribution le principe de la laïcité, à savoir les cas de la Turquie, de l’Iran et de l’Algérie.
(*) 40 pages, 3 dinars.