érale pendant le G8 de Deauville, le 27 mai 2011 (Photo : Mikhail Klimentyev) |
[18/07/2011 05:16:28] BERLIN (AFP) La dépendance croissante de l’Allemagne, qui doit abandonner le nucléaire d’ici à 10 ans, envers les gisements d’énergies fossiles de la Russie, sera au coeur de consultations intergouvernementales lundi et mardi.
Une bonne partie des ministres de la chancelière allemande Angela Merkel et du président russe Dmitri Medvedev, et d’importantes délégations économiques, se retrouveront pour cette 13e rencontre annuelle à Hanovre (nord).
Ces consultations ont été lancées pour approfondir les liens économiques et contribuer à la modernisation de la Russie post-soviétique.
Jeudi a été annoncé un rapprochement entre Gazprom, contrôlé par le Kremlin, et le numéro deux allemand de l’énergie RWE, dans les centrales thermiques en Europe.
Interrogé sur un éventuel encouragement du gouvernement envers ce type d’alliances afin de pallier la fermeture des réacteurs nucléaires allemands, le porte-parole de la chancelière, Steffen Seibert, a rétorqué que les entreprises étaient seules responsables de leur stratégie.
Il a toutefois reconnu que “de nouvelles centrales, notamment à gaz, seraient nécessaires” pour compenser les quelque 22% de la consommation électrique allemande que produisent les neuf réacteurs encore en activité.
Selon l’hebdomadaire Die Zeit, les partenaires européens de l’Allemagne, au premier rang desquels la France et le Royaume-Uni, ainsi que les Etats-Unis, déjà sceptiques sur l’abandon du nucléaire, ne voient pas d’un bon oeil ce rapprochement germano-russe.
Le sommet débutera par un dîner informel entre Mme Merkel et M. Medvedev lundi soir, les consultations proprement dites se déroulant mardi.
Plus d’une dizaine d’accords de coopération économique et environnementale seront signés, de même que des contrats “couvrant le spectre de la coopération germano-russe”, a indiqué une source côté allemand.
Avec 31,8 milliard d’euros d’exportations, la Russie est le premier partenaire économique de l’Allemagne, qui y exporte pour 26,4 milliards d’euros.
Un haut responsable allemand, qui souhaite rester anonyme, a assuré que des affaires “non résolues” touchant aux droits de l’homme, parmi lesquelles l’assassinat de la journaliste Natalya Estemirova, seront abordées.
Actuellement à la tête du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Allemagne espère aussi convaincre la Russie de ne plus y bloquer une résolution condamnant la Syrie et sa répression sanglante de manifestations.
Une intensification par Moscou des sanctions contre l’Iran, sur le modèle européen, qui va au-delà de celles adoptées par l’ONU, serait également bien accueilli par Berlin, a ajouté la même source.
Les relations de Mme Merkel avec M. Mededev sont en tout cas meilleures que celles qu’elle avait avec Vladimir Poutine.
Sans doute parce que celui-ci, agent du KGB en Allemagne de l’Est, rappelle trop à la chancelière le régime sous lequel elle a grandi, a expliqué à l’AFP, Alexander Rahr, du Conseil allemand des relations international.
En revanche, elle a “complètement lié ses espoirs (de modernisation) pour la Russie à Medvedev”, a-t-il ajouté.
Fiodor Loukianov, rédacteur en chef du magazine Russia in Global Affairs, s’attend à un sommet sans relief, entre une Allemagne, qui a davantage la tête à la crise de l’euro, et une Russie en pleine incertitude politique.
Pour le moment, personne ne sait qui de Medvedev ou de Poutine se présentera à la présidentielle de mars prochain “et cette incertitude décourage Berlin ou les autres partenaires étrangers, qui en ont assez d’essayer de deviner” qui sera la prochain maître du Kremlin, a-t-il résumé.