Non, nous ne pouvons croire que les derniers incidents qui ont eu lieu en
Tunisie ne sont pas la conséquence de manigances et de manipulations de
personnes qui veulent affaiblir le pays par le chaos pour le cueillir ensuite
comme un fruit mûr et en faire ce qu’ils veulent.
A Sidi Bouzid, c’est par une rumeur que tout a commencé, et Dieu sait son
importance dans la révolution tunisienne. On aurait en effet fait circuler
l’information selon laquelle le gouverneur, hautement apprécié par ses
concitoyens, avait été révoqué. Sans vérifier les faits, un groupe de jeunes
gens «passionnés» auraient exprimé leur désapprobation par une marche de
protestation et se sont attaqués aux militaires sur place. Lors des
affrontements, un jeune homme est tombé, tout de suite après, l’armée s’est
retirée et les manifestants, rejoints par d’autres de la région d’Ergueb, ont
attaqué le siège de la délégation de Sidi Bouzid.
L’armée nationale aurait été chargée par des cocktails Molotov à tel point
qu’elle s’est retirée dans ses casernes laissant la ville dans le chaos total,
et c’est là où certaines parties sont intervenues pour mettre fin au désordre.
Pour ce qui est des événements de Menzel Bourguiba, il semble que parmi les
artisans des incidents dans cette zone, il y aurait des extrémistes islamistes
qui se sont associés à des criminels pour attaquer, samedi 16 juillet à 20h50,
le poste de police de Menzel Bourguiba. Ils se sont emparés d’uniformes et
d’équipements ainsi que de deux fusils d’assaut. Les brigands ont laissé 4
agents de police pour morts. Ils s’en sont de nouveau pris au district de
police, au poste de la police de la circulation et celui de la Garde nationale,
au bureau de la CNAM, à la municipalité, à des magasins d’électroménager et ont
incendié deux voitures administratives ainsi que celle du chef de police, avant
d’être contre attaqués par les forces de l’armée et de la police nationale qui
ont réussi à arrêter 4 parmi eux.
A Gafsa, il s’agit tout simplement d’une altercation entre deux personnes qui
s’est produite mardi 12 juillet. Chacune d’elles a fait appel à ses amis et
proches; puis, d’une simple bagarre, la situation a tourné à l’émeute. Les
démêlés ont continué mercredi 13, les forces de l’ordre se sont interposées
entre les deux groupes et le gouverneur a annoncé un couve-feu à partir de 18 h.
Ces décisions n’ont pas arrêté le zèle des adversaires à vouloir de nouveau se
battre. La police a dû tirer des balles en l’air et lancer des bombes
lacrymogènes pour disperser les frondeurs et au bout de nombre de tentatives,
des représentants des deux communautés ont réussi à calmer les esprits et
assainir l’atmosphère.
Il faut reconnaître que ces pratiques qui rappellent le Far West sont de plus en
plus fréquentes dans les régions intérieures du pays. Ce qui nous fait prendre
conscience du fait que nous ne connaissions pas réellement la Tunisie profonde
et surtout que le calvaire de la violence n’est pas prêt à prendre fin.
Ce qui est étrange dans tout cela, c’est l’attentisme dans lequel baigne la
société civile dans toutes ses dimensions, comme si ce qui arrive dans le pays
ne regarde aucun ordre, ni celui des Avocats, des médecins ou encore moins celui
des experts-comptables. Pire, les partis politiques ne réagissent presque pas à
ces épisodes violents dangereux pour le pays, comme s’ils habitaient sur une
autre planète. Pourquoi? Qui a intérêt à ce que le cycle de la peur et de la
brutalité continue? Pourquoi n’accorde-t-on pas autant d’importance à ces
problèmes qu’à d’autres?
Des questions importantes et même capitales pour l’avenir du pays comme celles
de la corruption, de ce gouvernement, prétendument «incompétent, incapable et
inefficace”, celles se rapportant à l’arrestation de tous les membres de la
mafia de l’ancien président, à la récupération des fonds colossaux qui ont été
spoliés au pays et même celle d’un procès à mon encontre pour avoir osé
critiquer une région devenue aujourd’hui intouchable par la grâce et la
bénédiction de la révolution.
Finalement, why not… à condition que la Tunisie soit encore debout, pour pouvoir
en profiter!