à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[20/07/2011 09:15:05] PARIS (AFP) Le principe d’une taxe sur les banques pour financer la partie privée du nouveau plan d’aide à la Grèce est envisagé de plus en plus sérieusement par les dirigeants de la zone euro, malgré les protestations des banques françaises et allemandes.
L’option, dont l’existence a été confirmée lundi par le ministre français des Affaires européennes Jean Leonetti, est revendiquée par la France et concernerait toutes les banques européennes, qu’elles possèdent ou non des obligations grecques.
Elle a pris de l’ampleur ces dernières heures, à mesure qu’approche l’échéance fatidique du sommet extraordinaire des dirigeants de la zone euro, jeudi à Bruxelles.
La formule constitue une troisième voie pour faire participer le secteur privé, avec celles d’un rééchelonnement et d’un rachat de dette, qui présente l’avantage de ne pas déclencher un défaut de paiement de la Grèce.
Selon plusieurs médias citant des sources proches des négociations, les premiers calculs évaluent le produit de cette taxe entre 20 et 30 milliards d’euros sur deux ou trois ans.
“C’est assez logique que compte tenu des difficultés des discussions sur la participation du secteur privé, les gouvernements se décident à un financement par une taxe spécifique, (…) mais c’est tout le contraire d’une participation volontaire”, observe Nicolas Véron, économiste de l’Institut Bruegel.
Paradoxalement, ce projet présente d’ailleurs le mérite d’écarter l’aléa lié à la participation effective des banques, qui existait dans le cas du renouvellement systématique des engagements envers la Grèce ou du rachat de dette.
Auteurs de plusieurs propositions fédérées par l’Institut de la finance internationale (IIF) ces dernières semaines pour orchestrer leur participation au plan, les banques n’ont pas tardé à réagir à l’idée de cette taxe.
Son principe répond à une “logique étrange”, a estimé mardi le président de la Fédération bancaire française (FBF) François Pérol, au sujet d’un impôt qui ne concernerait, a priori, que les banques.
Les assureurs, fonds de pension, fonds d’investissement, hedge funds et autres institutions financières détiennent pourtant, selon une estimation récente d’Axa IM, environ 100 milliards d’euros de titres d’Etat grecs.
“Il nous semble que ce n’est pas une réponse politique et économique, c’est autre chose”, a fait valoir M. Pérol.
Faisant écho à son homologue français, le président de la fédération allemande des banques (BdB), Michael Kemmer, a jugé que cette proposition faisait “fausse route”.
Les banques vivent mal la perspective d’un nouvel impôt arbitraire, alors qu’elles estiment avoir agi “de façon responsable” en étant force de proposition, selon l’expression de M. Pérol.
Comme l’a rappelé M. Pérol, cette taxe viendrait s’ajouter à celles qui leur ont déjà été imposées dans plusieurs pays européens depuis le début de la crise financière.
En Allemagne, le Parlement a adopté vendredi le décret d’application introduisant une taxe sur les profits des banques, qui alimentera un fonds d’urgence mobilisable en cas de défaillance d’un grand établissement.
En France, le gouvernement a mis en place, à l’automne 2010, une taxe bancaire qui a vocation à alimenter le budget de l’Etat.
A ce jour, le plus ambitieux reste le Royaume-Uni, dont la taxe est censée rapporter 2,5 milliards de livres par an, contre moins d’un milliard d’euros en Allemagne et un peu plus d’un demi-milliard en France.
Au niveau européen, le commissaire européen chargé des services financiers Michel Barnier souhaite créer prochainement une taxe permettant, à l’instar de l’exemple allemand, de financer la résolution d’une défaillance bancaire.