Pour mettre en œuvre une nouvelle stratégie industrielle en Afrique, le rapport
de l’ONUDI et de la CNUCED formule neuf recommandations-commandements.
Le premier est d’encourager l’innovation scientifique et technologique, car
«l’accumulation de savoir et capacités technologiques est cruciale pour induire
une transformation structurelle et gagner un avantage compétitif sur les marchés
d’export».
Cet investissement dans la science et la technologie pourrait prendre la forme
d’incitations aux entrepreneurs en vue de stimuler la production locale de
savoir technologique ou de facilitation de l’accès à la technologie à travers à
l’investissement direct étranger, les licences ou l’achat d’équipements.
Le deuxième commandement vise à créer des liens dans l’économie locale à travers
la promotion des industries agroalimentaires. Les pays africains devraient y
accorder la priorité «afin de garantir que la promotion du développement
produise des effets bénéfiques dans les autres secteurs de l’économie».
Le troisième concerne la promotion de l’entrepreneurship par la création d’un
environnement économique favorisant à la fois l’investissement local et
étranger. Les pays devraient en particulier, selon le rapport, «réduire
l’incertitude politique, renforcer l’offre d’infrastructures et améliorer
l’accès des entreprises, notamment les PME, au financement» et encourager
celles-ci à «investir dans la découverte de nouvelles activités consolidant la
compétitivité des exportations et la diversification».
Le quatrième commandement a trait à l’amélioration des capacités du gouvernement
en matière de conception, formulation et mise en œuvre de politiques. Car de
faibles institutions étatiques rendent difficile la réussite des gouvernements
dans ce domaine.
Le cinquième consiste à éviter les taux de change surévalués car ils
représentent «une taxe implicite sur les exportations et une «dés-incitation»
aux entreprises à investir dans le secteur des exportations». A l’inverse, un
taux de change compétitif «développe les exportations et permet aux entreprises
locales de saisir les opportunités créées sur les marchés internationaux».
Le sixième commandement vise à adopter des politiques monétaire et fiscale
appropriées. En effet, l’efficience des programmes et politiques industrielles
dépend en partie du degré de compatibilité des politiques monétaires et fiscales
avec l’objectif de la promotion du développement industriel. Concrètement, le
rapport ONUDI&CNUCED recommande d’adopter un mix de politiques monétaire et
fiscale permettant un meilleur accès des entreprises au crédit et établissant
les taux d’intérêt à des niveaux qui «dissuasif pour l’investissement».
Le septième est destiné à améliorer «la mobilisation des ressources» en vue de
financer les investissements dans «les domaines prioritaires identifiés». Jadis
focalisés sur l’allocation des ressources», les gouvernements devraient, selon
le rapport, accorder plus d’attention à la mobilisation, donc à l’épargne
domestique, à promouvoir les IDE, développer la coopération Sud-Sud, etc.
Le huitième commandement cible justement le renforcement de l’intégration
régionale. Selon le rapport, «construire un marché régional robuste est
nécessaire au déblocage du potentiel industriel de l’Afrique et la préparera à
la compétition sur les marchés globaux d’exportation».
Dernier commandement, le maintien de la stabilité politique est absolument
nécessaire. Car sans elle, «même un programme d’industrialisation bien conçu et
mis en œuvre est sûr d’échouer».