A la suite des derniers événements de La Kasbah, des durs affrontements avec les
forces de l’ordre dans plusieurs quartiers populaires de la capitale, de
l’insécurité ambiante dans les régions intérieures et de l’atmosphère délétère,
qui a envahi la scène politique nationale, le mouvement
Ennahdha a tenu, le
mardi 19 juillet 2011, dans son siège à Tunis, une conférence de presse dans un
contexte où les rumeurs se contredisent sans complexe, afin de lancer, déclare
Rached Ghannouchi, un appel au calme au peuple tunisien, d’appeler les élites du
pays à gérer les différends et les opinions contradictoires d’une manière
pacifique, de réaffirmer l’engagement de son parti dans le processus
démocratique en cours, de dénoncer la violence d’où qu’elle vienne, de récuser
les accusations portées contre les nahdhaouis, soupçonnés de jeter de l’huile
sur le feu et de stigmatiser la campagne de dénigrement dont les islamistes font
l’objet depuis quelque temps.
«Les citoyens de ce pays, détenteurs de la légitimité et auteurs d’une
révolution propre, pacifique et spontanée, sont capables de jeter les fondements
d’un système politique sans aucune exclusive, à même d’intégrer toutes les force
vives nationales, de consacrer l’alternance, d’enraciner le multipartisme,
d’exclure la violence et de refonder le contrat social», nous dit le chef du
mouvement Ennahdha, pour qui l’ajournement des élections de la Constituante au
23 octobre 2011 est la principale cause du malaise social, de la montée des
surenchères et de tous les débordements des jeunes, révoltés devant l’inertie du
gouvernement provisoire face au chômage et aux crimes perpétrés pendant la
révolution de la liberté et de la dignité, la lenteur de l’appareil judiciaire,
le retour à la politique politicienne au sein de la Haute Instance et la
présence aux postes de commande des organes de l’Etat, six mois après le
triomphe de la marche du 14 janvier 2011, de plusieurs personnalités liées à
l’ancien régime.
Après avoir admis la présence de quelques éléments nahdhaouis dans les sit-in en
signe de solidarité avec les revendications de la jeunesse, M. Ghannouchi,
visiblement inquiet de la tournure des événements, a rappelé la position de son
mouvement en faveur de la stabilité du pays, l’attachement de ses partisans au
consensus, condition sine qua non du dépassement d’une situation transitoire
complexe et le refus des actes de vandalisme et de violence, qui ont visé
délibérément les bâtiments publics, les propriétés privées et la sécurité des
citoyens paisibles. Il s’est élevé contre la diabolisation des forces de
l’ordre, des Tunisiens, a-t-l précisé, qui ont besoin d’être rassurés en cette
période délicate, appelé les jeunes à la vigilance dans leurs mouvements de
protestation contre les intrus, et lancé un appel aux mass-médias afin d’éviter
le sensationnel, d’observer la neutralité et de traiter tous les partis
politiques dans l’objectivité et la distance.
De son côté, M. Hamadi Jébali, secrétaire général du parti Ennahdha, pour qui la
religion se plante au cœur des hommes par la force de la doctrine et la
persuasion, et se confirme par l’exemple de vie et non par le glaive, a reconnu
l’inanité du conflit et de la polémique autour du sit-in de La Kasbah, regretté
les représailles de la police sur la ville de Menzel Bourguiba, objet d’un
ratissage en règle tout au long du week-end, souhaité la constitution de
commissions indépendantes pour jeter la lumière sur les derniers événements qui
ont secoué le pays, insisté sur la volonté d’ouverture des nahdhaouis, décidés à
préserver les voix plurielles de la société et réitéré le soutien des islamistes
au gouvernement provisoire dans un esprit de concorde et d’entraide permanent.
Ce qui n’empêche pas, dit-il, la critique et la confrontation des points de vue
dans le jeu social de la coopération et du conflit.