Des dollar et des euros (Photo : Thomas Coex) |
[21/07/2011 11:32:58] LONDRES (AFP) L’euro reculait fortement face au dollar jeudi, dans un marché nerveux, après des déclarations du chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, qui n’a pas exclu un possible défaut de paiement de la Grèce.
Vers 10H30 GMT (12H30 à Paris), la monnaie unique européenne est descendue jusqu’à 1,4139 dollar contre 1,4212 dollar mercredi vers 21H00 GMT. Elle était montée jusqu’à 1,4295 dollar vers 07H00 GMT, à son plus haut niveau depuis dix jours, avant de rapidement perdre du terrain.
L’euro s’est également replié nettement face à la devise nippone à la même heure, jusqu’à 111,46 yens contre 111,94 yens la veille.
M. Juncker, qui est aussi Premier ministre du Luxembourg, n’a “pas exclu” la possibilité d’un défaut de paiement partiel de la Grèce, à son arrivée à un sommet des dirigeants de la zone euro à Bruxelles – une réunion extraordinaire destinée à mettre sur pied un deuxième plan d’aide à Athènes.
“On ne peut jamais exclure une telle possibilité, mais tout devrait être fait pour l’éviter”, a-t-il souligné.
La zone euro envisage, dans le projet d’accord du sommet de Bruxelles, de réduire le montant de la dette grecque, mais les solutions sur la table risquent d’être interprétées comme un défaut de paiement d’Athènes, a confirmé jeudi à l’AFP un diplomate européen.
“La perspective qu’un accord sur la Grèce s’accompagnerait d’un défaut de paiement partiel du pays a totalement sapé l’optimisme du marché ce matin”, observait Jane Foley, analyste chez Rabobank, notant que les investisseurs étaient passés du chaud au froid.
“Hier, des déclarations (du président de la Commission européenne) José Manuel Barroso avaient laissé penser que d’autres options étaient possibles pour la Grèce”, rappelait-elle.
L’annonce mercredi soir d’un compromis entre la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy, qui devait servir de base aux négociations de jeudi mais dont le contenu n’a pas été précisé, avait également contribué à alimenter l’optimisme des cambistes et soutenu l’euro.
“Mais Jean-Claude Juncker a de nouveau semé la panique – même si, bien entendu, le défaut de paiement partiel de la Grèce a toujours été une +possibilité+”, relevait Adam Cole, de RBC Capital Markets.
“Le moment était probablement très mal choisi pour le reconnaître”, à moins d’une heure du début du sommet européen, poursuivait-il.
Les investisseurs redoutent qu’un défaut de paiement de la Grèce ne déstabilise le système bancaire de la zone euro et favorise la contagion à d’autres pays fragiles de la région, comme l’Italie ou l’Espagne.
“Je pense que la Grèce ne pourra pas être sauvée (sans défaut de paiement), que les marchés le savent et qu’ils sont déjà en train de l’intégrer. Si c’est effectivement le cas à l’issue de la réunion de jeudi, ils vont se demander: à qui le tour ?”, indiquait Neil MacKinnon, économiste de VTB Capital.