Etre ou ne pas être du nouveau plan d’aide à la Grèce : le FMI temporise

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La directrice du FMI Christine Lagarde au sommet de Bruxelles, le 21 juillet 2011 (Photo : Georges Gobet)

[23/07/2011 08:49:46] WASHINGTON (AFP) Les Européens ont beau être persuadés que le Fonds monétaire international va prêter encore plus d’argent à la Grèce, l’institution temporise pour le moment.

Après l’accord jeudi entre dirigeants de la zone en vue d’un nouveau plan d’aide pour Athènes, la directrice générale du FMI Christine Lagarde a résumé dans un communiqué toute la prudence qui règne à Washington, affirmant que “le FMI continuera à jouer son rôle”.

Ce que recouvre ce “rôle” n’est pas encore sûr à 100%.

Au minimum, le FMI doit continuer à exiger d’Athènes les mesures de rigueur budgétaire et les réformes structurelles attachées au prêt de 30 milliards d’euros accordé en mai 2010, et qui doit être versé jusqu’en 2013. Il reste quelque 12,5 milliards d’euros à verser.

Mais le Fonds pourrait promettre davantage à un pays qui en a fort besoin.

Il faudrait une nouvelle demande de prêt de la Grèce, dont les conditions seraient discutées avec les fonctionnaires du FMI. Puis le conseil d’administration où siègent les représentants de 24 pays et groupes de pays se prononcerait. Ce serait au plus tôt en septembre, compte tenu des délais habituels.

Mme Lagarde considère comme imminente une demande de la Grèce. “Je suis sûre qu’elle va arriver prochainement”, a-t-elle indiqué jeudi soir au cours d’une conférence de presse.

“J’attendrai de voir quelle sera la demande” et notamment le montant envisagé, a-t-elle ajouté, mais “c’est clairement l’intention du Fonds monétaire international d’être un participant actif à ce programme à l’avenir”.

Le président de l’Union européenne, Herman Van Rompuy, semble persuadé d’une issue positive. Le nouveau programme d’aide à la Grèce “sera financé à la fois par l’Union européenne et le FMI”, disait-il à Bruxelles jeudi.

La déclaration commune des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro était moins directe: “Nous appellons le FMI à continuer à contribuer au financement du nouveau programme grec”.

Car l’UE ne décide pas seule.

Les Etats-Unis, qui ont la possibilité de bloquer toute décision du Fonds qui leur déplairait avec leurs 16,2% de droits de vote, restent attentistes. Interrogé vendredi par l’AFP sur le soutien américain à l’idée d’un nouveau prêt, le département du Trésor a répondu qu’il ne se prononcerait pas avant de voir une demande d’Athènes.

L’aide actuelle à la Grèce est déjà hors normes. Qualifié d'”accès exceptionnel aux ressources du FMI”, elle était de plus de cinq fois supérieure au plafond normalement prévu. Si ce prêt va à son terme, il sera le plus grand jamais versé dans son histoire.

Les montants du prêt à l’Irlande, accordé en décembre, et du prêt au Portugal, voté en mai, dépassent aussi allègrement les plafonds théoriques.

Mais si le FMI “n’est pas un distributeur de billets”, comme le rappelait le 11 juillet Mme Lagarde, il peut difficilement rester sur la touche quand une économie de la taille de la zone euro est agitée par une crise de la dette publique.

“Quand le FMI dit qu’il joue un rôle, cela signifie qu’il prête de l’argent”, souligne Adam Lerrick, un économiste de l’American Entreprise Institute à Washington.

“Bien sûr, il a le choix de prêter plus à la Grèce ou non. Mais vu les efforts qu’a fournis la zone euro, le nombre de choses qu’ils sont convenus de faire et que le FMI désirait manifestement, je pense que le Fonds apportera l’argent”, ajoute-t-il.

Le ministre des Finances grec Evangélos Vénizélos est attendu à Washington lundi. “Cette rencontre a été programmée à la demande des autorités”, expliquait jeudi un porte-parole du FMI, David Hawley, se refusant à préciser de quoi il discuterait avec Mme Lagarde.