EPR de Flamanville, le 1er juillet 2011 (Photo : Kenzo Tribouillard) |
[24/07/2011 09:35:33] LONDRES (AFP) Le Royaume-Uni a gravé cette semaine dans le marbre sa volonté de renouveler son parc nucléaire, malgré la catastrophe de Fukushima au Japon, mais les déboires de l’EPR à Flamanville risquent de freiner les ambitions atomiques du groupe français EDF sur le sol britannique.
Lundi, le Parlement a approuvé à une majorité écrasante (267 voix contre 14) une déclaration de politique énergétique dans laquelle le gouvernement britannique a réaffirmé sa confiance envers le nucléaire, et confirmé la liste des huit sites (situés au bord des côtes anglaises et galloises) aptes à accueillir de nouvelles centrales.
Ce vote a sanctifié le maintien du nucléaire au sein de la palette énergétique de la Grande-Bretagne (dont il fait partie depuis les années 1950), aux côtés des énergies fossiles (gaz, charbon…), et des renouvelables promises elles-mêmes à un développement accéléré, comme l’éolien.
Le Royaume-Uni compte aujourd’hui 10 centrales nucléaires abritant 19 réacteurs, le tout assurant près d’un cinquième de la production nationale d’électricité. En 2008, les travaillistes ont donné le feu vert à leur renouvellement progressif, et plusieurs groupes d’énergie européens dont EDF (qui exploite déjà une partie du parc actuel) veulent construire au moins 10 réacteurs pour les remplacer, répartis dans cinq nouvelles centrales.
Pendant que l’Allemagne et l’Italie rejettent l’atome, le vote britannique “est une vraie décision nationale qui montre que la classe politique et le corps social dans son ensemble font un choix clair en faveur du nucléaire”, a confié à l’AFP le chef de la filiale britannique d’EDF, Vincent de Rivaz, au lendemain de l’onction parlementaire.
Un sondage publié ce mois-ci dans le quotidien le Monde conforte cette idée : 32% des Britanniques se disent favorables au recours au nucléaire, et 34% hésitants, contre seulement 21% d’opposés. Des chiffres pratiquement identiques à la France, pays pro-nucléaire s’il en est. Et aucune manifestation antinucléaire n’est venue faire la une des journaux britanniques depuis le drame de Fukushima.
Mais, malgré le franc soutien des autorités, et la bienveillance mêlée de prudence de l’opinion, les projets de construction de nouvelles centrales nucléaires au Royaume-Uni menacent de s’enliser.
L’homologation des types de réacteurs qui équiperont les futures centrales, prévue en juin, a été repoussée en attendant la remise en septembre du rapport final de l’inspecteur en chef des installations nucléaires, Mike Weightman.
Celui-ci a été chargé de vérifier la sûreté du parc nucléaire existant et futur en tenant compte des leçons tirées de la catastrophe de Fukushima.
Il a déjà annoncé dans un rapport d’étape que cette catastrophe ne remettait pas en cause la relance du nucléaire, le Royaume-Uni étant d’après les experts à l’abri d’un séisme de même ampleur qu’au Japon. Et il s’est contenté de proposer des mesures pour améliorer la sécurité des centrales présentes et futures.
Mais cela pourrait suffire à retarder les projets de la filière. De plus, le nouveau retard de deux ans du chantier du réacteur EPR de Flamanville en France, annoncé cette semaine, est venu semer le doute sur la capacité d’EDF, qui veut utiliser cette technologie pour ses futures centrales britanniques, à tenir les délais ambitieux qu’il s’est fixé.
Pour l’instant, EDF refuse de promettre qu’il respectera son objectif initial de mettre en service son premier EPR britannique au début de l’année 2018, ce qui semble de plus en plus difficile. Il annoncera cet automne un calendrier “ajusté” suite aux recommandations de Mike Weightman.
Autre inconnue : les surcoûts que pourraient entraîner les recommandations de Mike Weightman. M. de Rivaz assure qu’ils seront “maîtrisables”, mais s’est abstenu à ce stade de chiffrer la facture.