Le nouveau patron d’Areva et le PDG d’EDF enterrent la hache de guerre

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à Pékin (Photo : TEH ENG KOON)

[25/07/2011 06:33:09] PARIS (AFP) Le tout nouveau président d’Areva, Luc Oursel, qui a succédé à Anne Lauvergeon fin juin, va effectuer lundi sa première sortie officielle en accueillant sur une de ses usines le PDG d’EDF Henri Proglio, illustrant le réchauffement des relations entres les deux groupes.

La rencontre de lundi, à l’occasion d’un déplacement du ministre de l’Energie Eric Besson dans l’usine Areva de Chalon/Saint-Marcel (Saône-et-Loire), sera notamment l’occasion pour les deux hommes de participer à l’installation officielle du comité stratégique de la filière nucléaire.

Symboliquement, ce rendez-vous en public revêt un poids plus important et témoigne du réchauffement des relations entre les deux poids lourds de l’équipe de France du nucléaire, plombées depuis un an et demi par la rivalité et les rapports exécrables entre Mme Lauvergeon et M. Proglio.

Du reste, Luc Oursel n’a pas attendu un mois pour rencontrer Henri Proglio. Dès sa prise de fonctions début juillet, il se serait rendu au siège d’EDF pour s’entretenir avec lui, et les deux hommes se seraient revus plusieurs fois depuis, rapporte le Journal du Dimanche dans son édition de dimanche.

Pour le groupe nucléaire public, EDF est tout sauf un partenaire parmi d’autres: l’électricien est le premier client d’Areva, et pèse pour environ un quart de son chiffre d’affaires.

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à Paris (Photo : Pierre Verdy)

Pour l’ensemble de la filière nucléaire française, l’enjeu est également de taille: alors que le secteur a été ébranlé par la catastrophe de la centrale japonaise de Fukushima, plus question de voir les deux groupes se déchirer dix-huit mois après l’échec cuisant d’Abou Dhabi, qui avait vu la France échouer à vendre ses EPR dans le cadre d’un appel d’offres à 20 milliards de dollars.

Oursel en pacificateur

Entamé dès son arrivée à la tête d’EDF fin 2009, le bras de fer d’Henri Proglio avec “Atomic Anne”, le surnom accolé à sa rivale au caractère aussi trempé que le sien, avait culminé début 2010 avec une polémique entre les deux groupes sur la gestion de déchets nucléaires, qui vaut aux deux patrons d’être convoqués à Matignon.

Dans ce cadre, une des premières missions de Luc Oursel, ancien n°2 d’Anne Lauvergeon, était de pacifier les relations avec EDF. C’est semble-t-il chose faite: lundi, les patrons des deux groupes vont s’afficher côte à côte.

Mais le patron d’Areva a d’autres défis à relever. Confronté à l’impact de Fukushima et au report de plusieurs projets qui en a découlé, le groupe, déjà en perte opérationnelle en 2010, devrait prochainement rabaisser ses prévisions de croissance 2011 et 2012, peut-être dès mercredi à l’occasion de la publication de ses résultats semestriels.

La relance du nucléaire, comme la gestion du développement de l’EPR –les chantiers menés par Areva en Finlande et EDF à Flamanville (Manche) accumulent retards et surcoûts– figurent également en haute place dans l’agenda de M. Oursel.

Areva attend également prochainement des nouvelles de l’éventuelle filialisation de son activité dans les mines.

Chez Areva depuis 2007, M. Oursel a dû débuter sa tâche en interne, où le comité exécutif avait réaffirmé le jour-même de son éviction son soutien à Anne Lauvergeon, en qui les élus du personnel du comité de groupe européen avaient salué une “femme visionnaire”.

Mi-juillet, le groupe a ainsi annoncé la nomination de nouveaux directeurs financier et commercial. Le nouveau directeur général adjoint, en charge des finances, Pierre Aubouin, travaillait auparavant depuis 2006… au sein de l’Agence des participations de l’Etat. Son arrivée suggère que l’Etat entend désormais veiller sur les finances du groupe de près.