La sûreté des TGV chinois en cause après l’accident de Wenzhou

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évacués après la catastrophe ferroviaire de Wenzhou, le 24 juillet 2011 (Photo : Str)

[25/07/2011 09:45:03] WENZHOU (Chine) (AFP) La catastrophe ferroviaire de Wenzhou (est), dans laquelle trente-six personnes ont péri et près de deux cents ont été blessées, fait grandir les inquiétudes sur la sûreté des trains à grande vitesse en Chine, qui ont connu ces dernières années un développement effréné.

Samedi soir, le train à grande vitesse D301 reliant Pékin à Fuzhou (sud-est) sur plus de 2.200 km a été percuté par l’arrière par un autre TGV alors qu’il se trouvait à l’arrêt sur un viaduc suite à une panne de courant. Quatre wagons ont été précipités en contrebas par le choc.

“Lorsque j’ai acheté un billet hier je me demandais si je n’aurais pas mieux fait de prendre un bus. J’ai finalement choisi le train parce que c’est plus rapide”, a déclaré lundi un voyageur âgé de 47 ans, Yu Dabao, à la gare de Wenzhou. Il a précisé avoir “choisi un siège au milieu du train”.

Le gouvernement a promis dimanche qu’il allait entreprendre une révision à grande échelle de la sûreté des trains. Trois responsables des chemins de fer ont été limogés, dont le chef du bureau régional de Shanghai, en charge du tronçon sur lequel s’est produit l’accident, dans la banlieue de Wenzhou (est).

“Un accident d’une telle ampleur ne serait dû qu’à la météo et à des facteurs techniques ? Personne ne va le croire”, a déclaré sur son microblog Cai Qi, un responsable de la province du Zhejiang, où se trouve Wenzhou, cité par le quotidien Xin Jingbao (Nouvelles de Pékin).

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érations de sauvetage après la catastrophe de Wenzhou, le 24 juillet 2011 (Photo : Philippe Lopez)

“La collision mortelle de samedi devrait servir de leçon à l’ensemble de l’industrie ferroviaire en Chine. Elle doit devenir le point de départ pour des normes plus sûres” dans ce secteur”, a pour sa part souligné le Global Times.

“Le public doit continuer à se montrer vigilant et à critiquer les autorités pour les amener à résoudre rapidement les problèmes”, estime encore ce quotidien de langue anglaise.

Les trains à grande vitesse en Chine ont commencé à prendre du service en 2007, et le réseau s’est depuis lors étendu à un rythme effréné, devenant rapidement le premier du monde. De 8.358 km fin 2010, le réseau doit passer à plus de 13.000 km en 2012 et à 16.000 km en 2020.

“L’accident aurait pu être évité si suffisamment d’attention avait été accordée” à des problèmes récents, a jugé un commentateur, Zhang Tie, dans les colonnes du Quotidien du Peuple.

La catastrophe a eu lieu moins d’un mois après l’inauguration avec un an d’avance sur le calendrier initial de la ligne de train à grande vitesse reliant Pékin à Shanghai sur plus de 1.300 km.

La mise en service a été suivie par une série d’incidents entraînant parfois d’importants retards et de l’inconfort pour les passagers plongés dans le noir et sans air conditionné.

Pour rendre les trains plus sûrs mais aussi moins onéreux, le ministère des Chemins de fer a limité, à compter du 1er juillet dernier, la vitesse maximale de l’ensemble des trains à 300 km/h, contre 350 km/h auparavant.

L’accident de samedi est le pire depuis avril 2008 sur le réseau ferré chinois, lorsque 72 personnes avaient été tuées et plus de 400 blessées dans une collision entre deux trains à la suite du déraillement de l’un d’entre eux dans la province du Shandong (est).

La catastrophe de Wenzhou “confirme certains doutes qui s’étaient exprimés publiquement sur la rapidité de la construction du réseau de TGV”, a déclaré à l’AFP Alistair Thornton, analyste spécialisé sur la Chine chez IHS Global Insight.

En février, l’ancien ministre des chemins de fer Liu Zhijun était limogé, accusé d’avoir reçu des pots-de-vin de 800 millions de yuans (91 millions d’euros) dans le cadre de gros contrats pour l’expansion du réseau de lignes à grande vitesse.

L’accident de samedi pourrait enfin remettre en question les ventes de matériel ferroviaire chinois à l’étranger. “Cela pourrait avoir une incidence significative sur la capacité de la Chine à exporter de la technologie”, estime M. Thornton.