ère et Jade Foret assistent à un match de tennis à Roland Garros le 25 mai 2011 (Photo : Miguel Medina) |
[25/07/2011 14:45:20] PARIS (AFP) Une vidéo, dans laquelle Arnaud Lagardère se met en scène avec sa nouvelle compagne sur un registre intime, relance le débat sur la motivation et les capacités de ce patron atypique, déjà décrié par le passé par certains actionnaires de son groupe.
Visionnée par plusieurs centaines de milliers d’internautes en moins d’une semaine, la vidéo immortalise une séance photos pour la publication belge Le Soir Magazine. Arnaud Lagardère, 50 ans, y pose avec Jade Forêt, un mannequin de 20 ans.
Enlacés, les deux tourtereaux racontent leur rencontre. Ils se promettent un amour “sans limite”, entrecoupant leurs confidences de baisers. Le mannequin se prête ensuite à des poses lascives dans les bras de son compagnon, patron d’un groupe de 27.000 salariés qui pèse aujourd’hui 3,6 milliards d’euros en Bourse.
Arnaud Lagardère, qui brigue l’an prochain la présidence du conseil d’administration du géant européen EADS, a déjà défrayé la chronique avec sa vie privée.
L’unique héritier de son père Jean-Luc, à qui il a succédé après son décès en 2003, avait nié par le passé, dans Le Point (en 2007) puis sur Canal+ (en 2009), des rumeurs d’homosexualité. Depuis cette époque, il s’est entouré de communicants de l’agence Euro RSCG censés l’aider à contrôler son image.
Au delà des commentaires goguenards foisonnant sur la Toile, l’exhibition de sa vie privée suscite au sein de son groupe et dans les milieux économiques des interrogations sur les capacités et la motivation de ce patron, passionné de tennis et de karting, qui traîne une réputation de dilettante.
“Il n’a pas la carrure pour un costume qui est trop grand pour lui”, critique sous le sceau de l’anonymat un ancien salarié qui a côtoyé de près Arnaud Lagardère, dénonçant sa gestion “velléitaire” et “chaotique” du groupe.
Selon un analyste, qui souhaite lui aussi rester anonyme, il sèche les rencontres avec les investisseurs et “donne l’impression de ne pas être présent dans la gestion quotidienne du groupe et de ne pas maîtriser dans le détail les activités”.
“Arnaud dirige-t-il encore Lagardère ?”, s’interrogeait lundi en Une le quotidien économique La Tribune.
“Cette vidéo est finalement peut-être un point positif (…) On va avoir un débat public”, se réjouit l’analyste. “Il est tout de même directeur général : si cela l’intéresse moyennement, il vaudrait mieux prendre un peu de recul”.
Les décisions récentes de céder le pôle international des magazines du groupe, dont les éditions hors France de son fleuron Elle, comme la volonté de céder ses participations minoritaires, notamment dans le capital de Canal+, ont été saluées par le marché.
Mais ces chantiers stratégiques sont l’oeuvre de l’actuel directeur financier Dominique d’Hinnin et les analystes font valoir qu’Arnaud Lagardère s’est plutôt illustré par des acquisitions coûteuses dans le sport qui ont jusqu’ici déçu.
L’investisseur Guy Wyser-Pratt, actionnaire à hauteur de 0,5%, avait en vain tenté en 2010 de faire réformer le statut qui fait d’Arnaud le seul maître à bord avec seulement 9,6% du capital.
Pour l’analyste, cette vidéo risque surtout de “démotiver” les salariés. “Ca montre qu’il se fiche de tout, les gens ont l’impression qu’il les dirige vers un suicide collectif”, affirme l’ancien collaborateur.
“Je crois que c’est un suicide économique”, renchérit un professionnel de la communication fin connaisseur du groupe. Sous couvert d’anonymat, il y voit la “provocation” d’un “enfant gâté” qui, contrairement à son père “très respecté”, “n’a jamais été adoubé par ses pairs”.