Plafond de la dette américaine : le FMI s’impatiente

photo_1311628312280-1-1.jpg
ésident américain Barack Obama à Washington, le 25 juillet 2011 (Photo : Jim Watson)

[25/07/2011 21:13:44] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international a manifesté lundi son impatience envers les Etats-Unis, en les appelant à s’attaquer à leurs problèmes de déficit budgétaire et à relever le plafond de la dette de l’Etat fédéral.

Dans son rapport annuel sur l’économie américaine, l’institution s’est montrée aussi intraitable pour le camp du président Barack Obama que pour ses adversaires républicains: elle n’est pas convaincue par les plans budgétaires des uns ni des autres.

“Les propositions officielles de réduction de déficit pourraient être trop concentrées en début de période compte tenu de la faiblesse du cycle [économique], et, en même temps, insuffisantes pour stabiliser la dette vers le milieu de la décennie”, a-t-elle affirmé.

Le reproche fait à M. Obama est de ne pas être assez ambitieux quand il se réfère aux 4.000 milliards de dollars d’économies cumulées sur douze ans qu’il a proposées lors d’un discours à la mi-avril.

A l’époque, le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn avait salué un pas “dans la bonne direction”, mais voulait voir “les détails du plan”.

Les fonctionnaires du FMI les ont visiblement trouvés décevants. Ils ont “considéré qu’un rééquilibrage plus important et plus large qu’envisagé dans le budget et le discours du président serait nécessaire, compte tenu des hypothèses macroéconomiques moins favorables” du FMI.

Le Fonds et le gouvernement américain sont en effet en désaccord total sur les perspectives de croissance des Etats-Unis. Le FMI la voit sous les 3% ces cinq prochaines années, tandis que le projet de budget présenté par M. Obama en février tablait sur plus de 4% en 2012, 2013 et 2014.

Autre désaccord: l’évolution des taux d’intérêt sur la dette américaine, que le FMI voit à 5,6% entre 2012 et 2016 sur les bons du Trésor à dix ans, tandis que la Maison Blanche envisage 4,5%.

Pour le FMI, “les perspectives budgétaires à long terme restent inquiétantes”. L’institution a relevé sa prévision pour la dette publique du pays à 99% du produit intérieur brut en 2011, puis 103% en 2012.

Comme le Fonds insiste sur le besoin d’augmenter les recettes fiscales, les plans des républicains ne paraissent pas plus crédibles pour lui. “Le système d’imposition est criblé de lacunes et de déduction équivalant à plus de 7% du PIB”, a-t-il relevé.

Il est favorable entre autres à la fin de la déductibilité des intérêts d’emprunts immobiliers, à une TVA fédérale et à une taxation des émissions de CO2, autant d’idées inacceptables pour les républicains.

Mais dans l’immédiat, “bien entendu, le plafond de la dette de l’Etat fédéral doit être relevé rapidement pour éviter un choc grave pour l’économie américaine et les marchés financiers mondiaux”, a relevé l’institution.

Les parlementaires américains discutaient toujours lundi des mesures budgétaires devant accompagner un relèvement de ce plafond, situé à 14.294 milliards de dollars, et sous lequel le Trésor estime ne pouvoir rester que jusqu’au 2 août. Après cette date, les Etats-Unis ne pourront plus faire face à toutes leurs obligations, selon le gouvernement.

Les Etats membres ont eux aussi manifesté leur inquiétude.

La meilleure stratégie consisterait pour eux en “une réforme de la protection sociale, y compris des économies supplémentaires dans la santé, ainsi que des hausses de recettes, y compris en réduisant les niches fiscales”, d’après le compte rendu d’une discussion au conseil d’administration jeudi.

“Le fait de mettre la dette publique sur un chemin viable est essentiel pour la stabilité de l’économie américaine, avec des répercussions positives dans d’autres pays”, ont jugé les 23 représentants d’Etats membres présents à cette instance.