à la cybercriminalité pour gendarmes et policiers (Photo : FRANCOIS NASCIMBENI) |
[27/07/2011 08:51:12] PARIS (AFP) En France, la droite ultra, particulièrement mouvante, fait l’objet d’une “veille permanente” par la police qui traque les “loups solitaires” comme Anders Behring Breivik, le suspect des attaques d’Oslo.
Un temps membre du forum néo-nazi Nordisk, Breivik n’est pas apparu sur les radars des cyber-patrouilles françaises, relève un responsable policier. Mais il “était peut-être en contact avec d’autres personnes. Si on ne le connaissait pas, lui, on aurait peut-être pu l’approcher par d’autres”, explique un spécialiste de la mouvance.
Ce “paysage émietté” de la droite extrême fait l’objet d’une “veille permanente, y compris au niveau européen” pour essayer de “détecter ces +loups solitaires+”, et de repérer d’éventuels “terroristes auto-radicalisés”, selon cette source.
Le 14 juillet 2002, l’un d’eux, Maxime Brunerie, avait publié un message sur un forum néo-nazi avant de tirer sur le président français de l’époque, Jacques Chirac. Avant la double attaque qui a fait 76 morts, Breivik avait diffusé sur le réseau son manifeste de 1.518 pages.
“Si la mouvance est un peu interlope, l’internet permet de dégager parfois des personnalités un peu originales”, poursuit un responsable policier.
En Europe, l’Estonie et la Finlande ont annoncé qu’elles allaient renforcer leur surveillance du web pour déjouer des attaques terroristes.
Plus que le mouvement du Bloc identitaire, “en quête de respectabilité et pro-européen”, qui se “livre à pas mal de prosélytisme un peu provocateur, sans plus”, les policiers du web traquent les “+nationalistes autonomes+, ceux qui professent “des thèses nationalistes révolutionnaires et qui montrent davantage de propension à la violence”, selon un responsable policier.
Quelque 10% des 80.000 signalements effectués en 2010 auprès de l’Office Cyber de la police judiciaire concernaient des contenus racistes ou xénophobes, a indiqué à l’AFP la patronne de ce service, le commissaire principal Adeline Champagnat.
Si “l’expression raciste sur l’internet se nourrit clairement de l’actualité”, la plupart des commentaires xénophobes ne s’accompagne clairement pas de menaces.
Mardi, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) a annoncé une plainte contre le blog d’un membre du Front national, Jacques Coutela, qui a été dans la foulée suspendu du parti d’extrême droite.
Breivik était présenté sur ce blog comme “le premier défenseur de l’Occident”, “un nationaliste norvégien”, nouveau “Charles Martel” dont la raison d’être est de “combattre l’invasion musulmane”. “Faisons de ce résistant une icône”, disait ce blog.
Sur les sites identitaires ou nationalistes, les forums sur Breivik débordent de commentaires au minimum compréhensifs pour le “viking (qui) assume”, au maximum approbateurs et annonciateurs de nouveaux événements semblables.
Si cela les rend plus difficiles à identifier, l’atomisation et l’absence d’organisation de ces militants de la droite extrême les fragilise également.
Adeline Champagnat se souvient ainsi de cet internaute qui laisse entendre son intention de tuer et passe, depuis le même ordinateur, “des annonces à la recherche de +Beretta et fusil à pompe+”: “Mais il s’est aussi connecté à un site de rencontres sur lequel il a laissé… sa photo !”.
Les internautes plus prudents peuvent passer au travers des mailles d’un filet auquel échappent les milliers de courriels privés : dans ce cas, “à moins que l’un des auteurs se dénonce ou trahisse son correspondant”, les extrémistes “n’apparaissent pas au grand jour”.