Malgré l’engouement des Tunisiens pour la chose politique, et leur adhésion
massive aux différentes actions entreprises jusque-là, en particulier les
grèves, sit-in, les Kasbah 1, 2 et 3, et autres manifestations, mais également
la multiplication des partis politiques, leur présence massive aux réunions… on
ne comprend pas pourquoi leur absence relative dans l’opération d’inscription
sur les listes électorales pour l’élection de la Constituante du 23 octobre
2011.
A quoi peut-on l’attribuer: la séance unique, les congés, la chaleur, le peu
d’informations ou une certaine forme de dégoût face au nouveau sport national
préféré des jeunes tunisiens, en l’occurrence l’incendie des postes de police et
des édifices publics? Difficile de savoir ce qui se passe réellement.
Toutefois, il faut savoir que les bureaux d’inscription dans toutes les
municipalités sont ouverts tous les jours, y compris les samedis de 8h du matin
a 18h en continue, de ce fait, on ne ne peut pas se cacher derrière les horaires
ou le travail pour se dérober à cette opération.
On peut le faire partout indépendamment de son lieu de résidence, car il s’agit
d’une confirmation d’inscription pour savoir le lieu de vote. On peut le faire
même à son lieu de vacances, de travail ou de résidence et dans n’importe
qu’elle municipalité. C’est gratuit et rapide: l’accueil des jeunes diplômés du
supérieur est excellent.
Selon nos sources, ces derniers ne sont pas des employés de la municipalité, ni
du ministère de l’Intérieur; ils percevraient une indemnité de 200 dinars
tunisiens dans le cadre du programme Amal et 400 dinars de la part de la
Commission électorale.
D’ailleurs, c’est une nouveauté dans les municipalités qui brillent encore par
leur faible taux d’encadrement, ce qui explique en partie leur mauvaise qualité
de service. Du coup, pour elles, les jeunes diplômés du supérieur pourraient
constituer une piste d’emplois dans le futur en leur faisant confiance: bon
accueil, beau sourire et la qualité de service en sus, sans oublier une
application informatique et délivrance d’un reçu imprimé. C’est l’une des
premières applications E-gouvernement en Tunisie. De ce point de vue, la
Révolution du 14 janvier 2011 a été un catalyseur technologique. Sachant que le
gouvernement de Ghannouchi avait passé plusieurs années à faire des études et à
lancer des initiatives sans aboutir à un service d’E-administration ou
E-citoyen. Maintenant, c’est chose faite et dans un temps record par le CNI
(Centre national d’informatique) et dans le cadre d’un PPP (partenariat
public/privé), dont on a beaucoup parlé mais et peu réalisé par le passé. A
noter que ce système électoral a été réalisé à 100% par des entreprises et des
compétences tunisiennes.
D’ailleurs, on peut lire dans chaque bureau d’inscription une note émanant du
CNI, organisme public qui dépend du Premier ministère et qui héberge le Data
Center et les applications du fichier d’inscription, des droits de chaque
Tunisien quant à l’utilisation du fichier informatique électoral et des données
qui y sont introduites. Rien que par ça, on se sent déjà un nouveau citoyen.
On a même droit à un bonus avec la possibilité de prendre gratuitement des
autocollants qui font la publicité de l’opération d’inscription. Entre le choix
de se faire offrir un café ou des bonbons, il n’y a qu’un pas à franchir dans le
futur.
Il faut se rappeler que, après la Révolution française, pour inciter les
citoyens à voter, on leur servait un pot de vin gratuitement. D’ou l’expression
“pot-de-vin“.
Enfin, il faut noter que certaines entreprises ont décidé d’encourager cette
opération d’inscription en autorisant leur personnel à s’absenter pour aller
accomplir leur devoir citoyen. C’est aussi l’entreprise citoyenne, un nouvel
acquis de la Révolution, dirons-nous.