François-Henri Pinault, le patron qui veut faire oublier l’héritier

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çois-Henri Pinault à Paris le 21 mars 2011 (Photo : Eric Piermont)

[29/07/2011 06:15:32] PARIS (AFP) François-Henri Pinault, personnalité beaucoup moins connue du public que sa seconde épouse, l’actrice Salma Hayek, veut s’imposer comme celui qui aura donné un nouveau visage au groupe PPR, autour du luxe et du sport-lifestyle, et transcendé son statut d’héritier.

Habituellement, les héritiers doivent se faire un prénom. Lui en a accolé un deuxième à son entrée dans le groupe en 1987 à 25 ans pour se distinguer de son père François, le fondateur du groupe, devenant François-Henri.

A en croire ses amis et ses proches, “FHP” est un homme ouvert, à l’écoute.

Mais c’est lui le patron. Comme le résume un syndicaliste à l’AFP, s’il est “parfaitement accessible, il n’y a pas beaucoup de terrain d’entente”.

A son arrivée aux commandes du groupe en 2005 après être passé par toutes les enseignes, les têtes valsent.

François-Henri Pinault place beaucoup d’anciens de HEC comme lui. “Recruter est difficile. Alors quand on connaît déjà quelqu’un, on n’a pas de mauvaise surprise”, expliquait-il récemment à l’AFP.

Valérie Hermann, HEC, et ex-PDG de Yves Saint Laurent partie vers d’autres cieux, confirme. “Il est très ouvert, mais exigeant et dur sur les chiffres!” Ce que d’autres appellent la “culture de la performance”, où l’échec n’est pas permis.

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à Paris le 17 février 2011 (Photo : Bertrand Langlois)

Fin 2009, il officialise le tournant stratégique que PPR (qui ne s’appelle plus Pinault-Printemps-Redoute depuis 2005) va prendre. Son idée est de recentrer le groupe sur l’habillement et les accessoires, aussi bien dans le luxe – beaucoup plus rentable que la distribution – que dans le sport-lifestyle, autre secteur au développement international.

Exit donc Conforama (ameublement) récemment cédé plus cher que prévu, en attendant le tour de Redcats, (vente à distance comme La Redoute), dont le processus de vente est juste amorcé, puis de la Fnac (biens culturels et technologiques). Avant cela, l’enseigne Le Printemps avait été vendue ainsi que le contrôle de CFAO (distribution spécialisée en Afrique).

Pour acheter quoi? Là où les rumeurs citent de grands noms – Burberry, Prada, Quiksilver, etc. – , PPR se montre plus modeste: le suisse Sowind Group pour se renforcer dans le secteur de la haute horlogerie ou la firme américaine de vêtements de sports de glisse Volcom, pour commencer.

Autrement dit, des marques pas trop chères, complémentaires des autres et surtout dotées d’un fort potentiel de croissance à l’image de deux de ses maisons, le maroquinier italien Bottega Veneta ou la griffe Alexander McQueen, qui a réalisé un joli coup en signant la robe de mariée de Kate Middleton.

“C’est pour cela que je n’aime pas qu’on le qualifie d’héritier. Il a fait des études et son bonhomme de chemin. Après, la réalité des choses dans le business c’est la durée”, explique à l’AFP un autre “héritier”, Franck Riboud, PDG du groupe Danone.

“PPR est un groupe en pleine révolution, c’est une roue qui tourne et qui passe d’un métier à un autre au fur et à mesure de sa révolution”, juge le banquier Matthieu Pigasse, un de ses amis.

Passionné de nouvelles technologies, FHP fait de l’internet une de ses priorités. Pour en convaincre son état-major, il a emmené il y a deux ans environ “tout son comité exécutif chez vente-privée.com, à la Plaine-Saint-Denis”, raconte à l’AFP le fondateur du site Jacques-Antoine Granjon.

FHP se veut aussi un patron-citoyen avec une foi de combattant dans la défense de l’environnement, appliquée au groupe, mais aussi dans la lutte contre les violences aux femmes avec la création d’une fondation.

Personnage plutôt discret, il apparaît néanmoins de temps à autres dans les pages people des journaux, comme lors de son mariage à Venise avec l’actrice Salma Hayek.

Père de quatre enfants, il adore les tours de cartes et pratique la boxe anglaise. Il aime aussi le football. Jusqu’à assainir les comptes du club de Rennes, acheté par son père.