à Londres le 13 juillet 2011 (Photo : Warren Allott) |
[29/07/2011 14:13:40] LONDRES (AFP) Le bouquet de chaînes par satellite BSkyB a dévoilé vendredi des bénéfices florissants mais largement éclipsés par le maintien à sa tête de James Murdoch, cible d’une vive controverse en raison du scandale des écoutes qui ébranle les fondations de l’empire familial News Corp.
Comme attendu, le conseil d’administration de BSkyB, réuni jeudi pour approuver les résultats annuels de la société, a renouvelé sa confiance à James Murdoch, président de l’entreprise audiovisuelle britannique depuis 2007, après en avoir été directeur général pendant quatre ans.
“James Murdoch reste président”, a confirmé vendredi BSkyB dans un communiqué consacré à ses résultats annuels. La veille, une source proche du groupe avait affirmé à l’AFP que James avait reçu le soutien “unanime” des administrateurs, bien qu’il soit dans l’oeil du cyclone provoqué par les écoutes du News of the World (NotW), tabloïd à grand tirage du groupe News Corp, fermé en raison du scandale.
Ces dernières semaines, les appels à ce que le fils et dauphin pressenti de Rupert Murdoch abandonne la présidence de BSkyB s’étaient multipliés, mais les actionnaires du groupe lui ont accordé à tout le moins un répit.
Ce n’est pas pour autant la fin des ennuis pour James Murdoch, qui cumule la présidence de BSkyB avec la responsabilité des activités de News Corp en Asie et en Europe, et chapeaute à ce titre les journaux britanniques dont le fameux “News of the World” au coeur du scandale.
James a été invité ce vendredi à fournir des éclaircissements par écrit, avant une éventuelle nouvelle déposition, une semaine après sa première apparition devant la commission parlementaire britannique de la Culture. Il va devoir s’expliquer après avoir été contredit par Colin Myler, ancien rédacteur en chef du NotW, et l’ancien responsable juridique Tom Crone.
Ces deux derniers ont contesté par écrit les affirmations de James Murdoch qui assurait n’avoir pas eu connaissance d’un mail évoquant la pratique généralisée des écoutes au sein du journal.
Et, parallèlement, le grand déballage sur les pratiques douteuses ou illégales du tabloïd se poursuit en Grande-Bretagne, avec la révélation jeudi que la mère d’une fillette assassinée par un pédophile pourrait avoir été espionnée, via un téléphone qui lui avait été offert par le NotW.
Enfin, l’influence de News Corp au sein de BSkyB est dans la ligne de mire des libéraux démocrates, alliés du Premier ministre David Cameron.
Ils veulent que le régulateur des télécoms, l’Ofcom, se penche sur les relations entre les deux groupes, et vérifie si News Corp, vu les pratiques découvertes au sein du NotW, constitue toujours un actionnaire “apte et convenable” pour BSkyB.
Cette affaire aux multiples ramifications (elle éclabousse la presse, la police et le gouvernement) a du coup fait passer au second plan les performances financières éclantantes de BSkyB.
Le bouquet télévisé aux 10 millions d’abonnés a confirmé une santé insolente, son bénéfice opérationnel ayant grimpé de 23% à 1,1 milliard de livres (environ 1,2 milliard d’euros) sur l’exercice clos fin juin.
Par ailleurs, le diffuseur a annoncé qu’il allait reverser 750 millions de livres à ses actionnaires, via un programme de rachat de ses propres actions.
Une manne qui va profiter en première ligne à News Corp, propriétaire de 39% du bouquet, et donc indirectement aux Murdoch, le groupe familial allant recevoir mécaniquement la plus grosse part de ce magot.
En dépit de ce jackpot, les résultats de BSkyB ont pris des allures de crève-coeur pour News Corp. En effet, le groupe a dû renoncer ce mois-ci à cause du scandale des écoutes à une tentative de rachat à 100% du bouquet, qui lui aurait permis de récupérer l’intégralité de ses juteux bénéfices.