Dette américaine : avancées dans les négociations, la Maison Blanche s’implique

photo_1312088995413-1-1.jpg
ésident Barack Obama, le 29 juillet 2011 à la Maison Blanche, à Washington (Photo : Mandel Ngan)

[31/07/2011 05:11:52] WASHINGTON (AFP) Le chef de la majorité démocrate du Sénat américain, Harry Reid, a annoncé samedi soir des avancées dans les négociations avec la Maison Blanche sur le relèvement du plafond de la dette au Congrès à trois jours de la date butoir du 2 août fixée par le Trésor américain.

“Il y a des négociations en cours à la Maison Blanche pour éviter un échec catastrophique sur la dette du pays. Il y a de nombreux éléments à finaliser et il y a encore du chemin à faire”, a-t-il dit.

Selon une source proche des négociations qui s’exprimait sous couvert de l’anonymat, une des propositions serait que le plafond de la dette, actuellement de 14.294 milliards de dollars, soit augmenté de 2.800 milliards de dollars.

La Maison Blanche s’était à nouveau impliquée samedi dans les négociations sur le relèvement et aucun accord ne semblait se dégager entre les deux partis.

M. Reid avait annoncé samedi soir qu’un vote prévu dans la nuit de samedi à dimanche serait reporté à dimanche à 13H00 (17H00 GMT) pour laisser le temps de trouver un compromis dans de nouvelles négociations à la Maison Blanche.

photo_1312062619423-1-1.jpg
à Washington (Photo : Toby Jorrin)

“J’ai parlé avec la Maison Blanche plusieurs fois ce soir, et ils m’ont demandé de donner à chacun autant de temps que possible pour parvenir à un accord”, a expliqué M. Reid.

Toutefois, M. Reid a rappelé qu’il ne cèderait pas sur la durée du relèvement du plafond de la dette. Les démocrates veulent une mesure qui puisse tenir jusqu’en 2013. Les républicains, eux, insistent sur un plan en deux étapes : un premier relèvement avant le 2 août et un deuxième début 2012, soit en pleine campagne électorale.

Plus tôt dans la journée, les chefs républicains, opposés au plan des démocrates, se sont déclarés “confiants” dans un accord proche avec la Maison Blanche, appelant de nouveau le président Barack Obama à intervenir.

“Le sénateur (chef républicain du Sénat, Mitch) McConnell et moi sommes confiants dans le fait que nous allons parvenir à un accord avec la Maison Blanche”, a indiqué le président de la Chambre des représentants, John Boehner, samedi lors d’un point presse au Capitole.

M. McConnell a affirmé avoir parlé à M. Obama et au vice-président Joe Biden samedi, et il a estimé qu’un accord pourrait intervenir “dans un avenir très proche”.

Après avoir claqué la porte des négociations à la Maison Blanche la semaine dernière, les républicains semblent de nouveau compter sur M. Obama.

photo_1312062770890-1-1.jpg
é démocrate du Sénat Harry Reid donne une conférence de presse le 30 juillet 2011 au Capitole, à Washington (Photo : Alex Wong)

Mais M. Reid a assuré qu’aucun accord n’était proche samedi après-midi après une réunion d’une heure et demie à la Maison Blanche avec M. Obama et la chef des démocrates de la Chambre, Nancy Pelosi. “Ce n’est pas vrai”, a-t-il assuré devant le Sénat. “Les républicains refusent de négocier en toute bonne foi”, a-t-il dit.

La Chambre des représentants, où les républicains sont majoritaires, a rejeté samedi, par 246 voix contre 173, un plan démocrate pour tenter d’éviter un défaut de paiement. Ce texte “ne sera pas adopté au Sénat”, a prévenu M. McConnell qui bloquait tout progrès sur le projet de loi.

Preuve de la paralysie entre les deux partis, le vote de la Chambre intervient au lendemain du rejet d’un plan républicain par le Sénat.

M. Obama a estimé samedi dans les négociations que les deux parties n’étaient “pas si loin l’une de l’autre”, mais il a averti qu’il restait “peu de temps”.

Samedi matin, les deux chambres du Congrès se sont lancées dans un nouveau week-end marathon pour tenter de trouver un accord avant mardi 2 août — date-butoir fixée par le Trésor — pour relever le plafond de la dette et engager en même temps une politique de réduction des déficits.

Pour tenter d’attirer des voix à droite, M. Reid avait diffusé vendredi soir une nouvelle version de son plan avec des mesures “suggérées” par les républicains. Le plan de M. Reid autorisait un relèvement du plafond de la dette de 2.400 milliards de dollars, accompagné de 2.400 milliards de dollars de réductions budgétaires sur 10 ans.

Le chef démocrate a également assuré samedi qu’il y avait des “discussions significatives” entre les sénateurs des deux camps samedi pour tenter d’arracher les 60 voix sur 100 nécessaires à l’adoption du plan. M. Reid dispose d’une majorité de 53 sénateurs.

Mais 43 des 47 sénateurs républicains ont écrit à M. Reid pour lui dire qu’ils ne soutiendraient pas son plan.

Si les deux partis ont fait des concessions au fil des négociations, leurs philosophies politiques restent largement opposées. D’un côté les républicains réclament des baisses d’impôts et des réductions budgétaires drastiques. De l’autre, les démocrates veulent accompagner la rigueur budgétaire d’efforts fiscaux de la part des plus riches.

Si aucun projet de loi pour relever le plafond de la dette n’est envoyé à la Maison Blanche avant le 2 août, il ne restera que quelques jours à l’administration pour payer ses factures avant d’épuiser ses réserves d’argent, selon les analystes. Un défaut de paiement pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’économie mondiale, selon nombre d’experts.

L’ancien secrétaire adjoint au Trésor sous l’administration de George W. Bush, Neel Kashkari, a estimé vendredi que le contexte économique était pire en septembre 2008 qu’à l’heure actuelle, mais que l’économie américaine demeurait fragile.