Etats-Unis : plongée dans les souterrains abritant le plus gros stock d’or au monde

photo_1312104376759-1-1.jpg
or

[31/07/2011 09:28:01] NEW YORK (AFP) Inquiets face à la situation économique actuelle, de nombreux gouvernements achètent des quantités d’or, et c’est dans un souterrain ultra-sécurisé de Manhattan, à New York, que s’entasse le métal précieux.

Les prix de l’or ont atteint des sommets vendredi à 1.632 dollars l’once, preuve de la ruée nerveuse des investisseurs publics et privés vers cette valeur refuge. A tel point que le plus gros stock d’or de la planète, qui repose au chaud dans le sous-sol de la branche new-yorkaise de la Réserve fédérale américaine, à un jet de pierre de Wall Street, ne cesse de gonfler.

Lors d’une visite dans les artères souterraines de la banque, un guide explique que quelque 7.000 tonnes de ce métal précieux sont enfouies dans une chambre forte creusée dans la roche de Manhattan, cinq étages au-dessous des rues fourmillantes de monde.

Le butin représente en tout la modique somme de 350 milliards de dollars.

Les Etats-Unis peuvent ainsi se prévaloir d’être les premiers gardiens d’or de la planète, avec 8.133 tonnes en réserve, soit plus du double de la quantité détenue par l’Allemagne, deuxième au classement.

Une partie de ce trésor reste stockée dans les bases militaires de Fort Knox (Kentucky, centre-est) et West Point (Etat de New York, nord-est). L’or reposant dans les sous-sols de New York appartient essentiellement à 36 gouvernements étrangers, à la recherche de sécurité financière et physique.

Le dispositif de sécurité, particulièrement sophistiqué, a de quoi décourager les braqueurs de banque les plus chevronnés.

Un journaliste de l’AFP a ainsi dû montrer ses papiers d’identité à travers un écran pare-balles et insonorisé avant même de pouvoir poser le pied dans le hall richement orné de la banque.

A partir de là, les visiteurs sont escortés vers l’ascenseur qui mène aux sous-sols. Une fois arrivés, ils entrent dans la salle des coffres en empruntant un tunnel terminé par un imposant dispositif cylindrique en acier qui effectue une rotation avant de donner accès à la caverne aux trésors.

A l’intérieur, il faut trois employés provenant de services différents de la banque pour ouvrir les trois serrures de chaque coffre rempli du précieux métal.

L’inscription à l’entrée de la salle des trésors –de couleur or, bien entendu– est tirée d’une citation du célèbre écrivain allemand Goethe: “l’or est irrésistible”.

Les Etats-Unis sont depuis longtemps très sollicités pour conserver de l’or, surtout durant les périodes de troubles. En janvier 1980, la guerre entre l’Union soviétique et l’Afghanistan, la révolution iranienne et la flambée des prix du pétrole avaient fait grimper l’or à 850 dollars l’once. Les prix étaient redescendus à 543 dollars en juin 2006.

Aujourd’hui, c’est au tour de l’euro instable, du dollar en berne et du spectre d’un défaut de paiement des Etats-Unis de pousser investisseurs publics et privés à se réfugier vers le métal précieux.

Le Mexique a ainsi acheté 93 tonnes d’or au début de l’année. La Russie, la Thaïlande et la Chine ont également attrapé le virus de l’achat d’or.

Peter Morici, professeur à l’université du Maryland, avertit cependant que l’or peut être parfois trompeur. “Les gens pensent que l’or est la seule valeur refuge, mais la vérité est que c’est plutôt l’argent liquide”, indique-t-il. “L’histoire l’a prouvé: l’or peut chuter aussi vite qu’il a grimpé”.

Le métal précieux reste néanmoins suffisamment important aux yeux des nombreux gouvernements étrangers qui ont demandé aux Etats-Unis de conserver leur butin dans les sous-sols new-yorkais.

Leonardo Blake, un visiteur de 53 ans, se rassure en soulignant que l’or est éternel. “Les gens pensent que ce métal magique peut ouvrir toutes les portes, et dans un sens c’est la pure vérité”.