Il n’a pas encore vingt ans et a de l’énergie à en revendre. Il s’est inscrit sur les listes électorales. Il compte, à ce propos, suivre des meetings et lire plein de tracts et de journaux pour se faire une idée. Et gare à celui qui ne sera pas à la hauteur. «Il sera “dégagé“. Car maintenant, nous en avons l’habitude», insiste-t-il.
Son cas n’est certainement pas unique. Il s’agit, en effet, d’un jeune tunisien comme il en existe des milliers. Il mérite, néanmoins, d’être présenté au moment où le pays s’apprête à vivre la première élection générale du pays.
Son nom? Youssef. Il n’a pas encore vingt ans et a de l’énergie à revendre, le verbe facile et la remarque pertinente.
Rencontré sur une plage de Hammamet où il dit joindre l’utile à l’agréable: un stage dans un établissement hôtelier de la ville et l’assurance de se faire un peu d’argent pour financer, du moins en partie, ses études universitaires.
Etudiant à l’Institut des hautes études touristiques de Sidi Dhrif, à Sidi Bou Saïd, il veut faire une carrière dans la restauration de luxe. «Tout petit, j’étais constamment dans la cuisine à observer ma mère et ma grand-mère. Ma vocation, c’est la cuisine», rappelle-t-il.
La discussion vire très vite vers la politique
Pourquoi le tourisme? «Parce que, quelle que soit le régime qui se mettra en place après le 23 octobre 2011, la Tunisie a pour vocation de développer une activité touristique», soutient Youssef. En ajoutant: «D’abord, on ne pourra pas empêcher les gens de prendre des vacances et de se payer un resto».
«Et puis, parce que l’histoire et la géographie nous dictent d’être un pays touristique: 1.200 kilomètres de côtes, un pays de plaine -donc facile d’accès-, une proximité avec l’Europe et une civilisation trois fois millénaire. Tout ceux qui parlent en privé se débarrasser de cette activité, ne font que mentir. Ils seront attrapés par la réalité!»
Et la discussion vire très vite vers la politique. Car la politique, Youssef croit en connaître un bout. Brun aux yeux noirs, casquettes, maillot et short blancs, il promène son corps entre les parasols dont il a la charge. Un café par-ci, un soda ou une bière par-là, il passe six heures à prendre des commandes et à servir ses clients.
Des moments interrompus par la lecture des journaux que les clients laissent souvent en partant. Il suit les faits et gestes des politiques, épiant leurs déclarations et se fait une idée d’une «Tunisie qui bouge».
Il n’y pas encore foule
La politique, il en a attrapé le virus, comme nombre de jeunes, avec la Révolution du 14 janvier. Il était, du reste, le 14 janvier 2011, devant le siège du ministère de l’Intérieur, pour réclamer le départ du président déchu, Zine El Abidine Ben Ali.
Il a été, également, des soirées passées les jours suivants, devant son immeuble, Avenue Farhat Hached, à Tunis, à monter la garde, avec son maillot blanc sur le corps, qu’il a «pris dans sa garde-robe, souvenir de son bac sports» et un gros bâton gris dans la main.
Il a été, enfin, des veillées passées sur Facebook, à prendre la température d’une jeunesse qui bouillonne d’idées et nourrit des espoirs pour l’avenir.
Des espoirs pour l’avenir, Youssef en a beaucoup. C’est pourquoi il est allé s’inscrire, le 14 juillet 2011, sur les listes électorales. «Ici, à Hammamet, où il n’y a pas encore foule! Mais, on me dit que ça bouge, ces jours-ci. J’ai expliqué à beaucoup d’amis pourquoi il faut s’inscrire sur les listes électorales et voter. Parce qu’il faut bouger pour que l’on construise ce pays. Peu importe celui qui arrivera au pouvoir. De toute façon, celui qui ne tiendra pas la route, on le «dégagera», comme on a fait pour l’Autre. Aux prochaines échéances électorales, on dira par le vote que l’on n’en veut plus du tout. Maintenant, on en a l’habitude», insiste-t-il, sans se départir de son sourire.
Pour qui votera-t-il ? «Je ne vous le dirai pas. Au fait, je ne sais pas encore. Même, si j’ai, quand même, une petite idée. De toute manière, je ne voterai pas pour ceux qui veulent mettre le feu aux poudres. Ceux qui nous feront perdre du temps!»
Il compte, à ce propos, suivre des meetings et lire plein de tracts et de journaux pour se faire une idée.
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