Un des effets –diplomatiques- collatéraux de la Révolution tunisienne est qu’elle a amené des nuages au dessus des relations de la Tunisie avec certains pays arabes et, au contraire, ouvert une nouvelle page très prometteuse dans ses rapports avec d’autres nations, notamment européennes. En Europe, outre le Royaume-Uni, la Suisse est dans ce cas de figure.
En effet, ce pays, petit par la taille, mais grand par le poids et l’influence économique et politique, a été l’un des premiers à avoir applaudi à la Révolution tunisienne et tendu une main amicale à la Tunisie post-Ben Ali.
Durant les deux premières semaines ayant suivi la chute du régime dictatorial, deux délégations helvétiques –dont l’une composée d’élus politiques de gauche et de militants des droits humains, parmi lesquels le chansonnier Michel Buehler- sont venues témoigner leur appui et leur solidarité avec les Tunisiens.
Puis est venu le tour des politiques de faire le déplacement de Tunis pour jeter les jalons de relations plus cordiales et fructueuses que par le passé.
Après le secrétaire d’Etat suisse aux Affaires étrangères, Peter Maurer, à la mi-avril à Tunis, c’est la présidente de la Fédération helvétique, Micheline Calmy-Rey, qui est venue parmi nous les 1er et 2 mai 2011, à l’occasion de la conférence régionale de ses ambassadeurs que Bern a choisi d’organiser à Tunis.
A cette occasion, le gouvernement suisse a notamment annoncé l’octroi à la Tunisie d’une aide de 60 millions de dinars sur 5 ans destinée à financer des programmes de développement au profit des gouvernorats défavorisés du Centre (Kasserine, Gafsa, Sidi-Bouzid).
A la faveur de cette embellie diplomatique et politique, les entreprises suisses n’ont pas tardé à emboîter le pas aux politiques. Ainsi, on a vu au cours des dernières semaines diverses entreprises créer des projets ou manifester l’intention d’en lancer en Tunisie.
Près de 80 entreprises suisses (Nestlé, Movenpick, Adecco, Apsys, etc.) y sont présentes, avec des investissements totalisant 165 millions de dinars qui ont permis de créer 14.000 emplois.
Les intentions, d’abord. A la même époque, le groupe pharmaceutique Roche, qui commercialise déjà ses produits dans notre pays, y a dépêché son représentant pour la région CEMAI (Europe centrale, Moyen-Orient, Afrique et sous-continent indien) afin d’étudier la possibilité d’y implanter une unité industrielle. A cette occasion, Roche a fait un don de 500.000 dinars à la Tunisie.
Les projets, ensuite. Dans le secteur des TIC, OAASE Corporation, une société spécialisée dans dans le Web 2.0, et les Software de multimédia et loisirs, prépare l’ouverture d’une filiale. Déjà présent dans notre pays, Swiss Hospitality Management Group (SHMG) vient d’y ouvrir une filiale qui sera dirigée par Stefan Keel, son Chief Executive Officier.
De son côté, un autre groupe suisse, opérant dans l’immobilier, a lancé P&F Immobilière SA, une société anonyme dotée d’un capital de 10 millions de dinars.
D’autres projets pourraient voir le jour dans les prochains mois. Une prochaine visite en Tunisie de Johann Schneider-Ammann, le ministre suisse de l’Economie, pourrait y contribuer grandement.