Les étudiants renouent avec le virus de la politique. C’est plutôt signe de bonne santé. Et de maturité. La jeunesse se responsabilise!
Longtemps on a tenu l’université loin de la sphère réelle. On l’a même «fliquée» pour la laisser à l’écart de la vie politique. C’était contre nature. Le confinement des étudiants loin de l’activisme militant et syndical a vécu. La révolution de la dignité est passée par-là.
On peut donc comprendre l’ambiance exceptionnelle qui a régné dans l’enceinte de Tunis-Dauphine lors d’une rencontre, qui a eu lieu récemment, entre étudiants et les représentants de quatre partis politiques. Ce meeting est une initiative des étudiants de Dauphine. Ils y ont convié la presse et c’est tout à leur honneur. Une ambiance euphorique d’amphithéâtre n’a pas son égal, c’est une agora féérique. Quel bouillonnement! Quelle intensité! Un vrai débat s’est engagé. Abderrazak Zouari, actuel ministre du Développement régional, membre fondateur de l’Université, qui modérait. Il a repris sa casquette de professeur avec toutes les exigences du métier en matière de fair-play et d’honnêteté intellectuelle. Point de clientélisme. L’estrade est restée une chaire pour dialoguer, elle n’a pas été exploitée comme podium pour haranguer. Cela méritait d’être dit.
Trois thèmes choc: le modèle social, le développement régional et l’emploi
Les étudiants de Dauphine, tous niveaux confondus, ont convenu de dialoguer avec les partis politiques parce que leur avenir est en jeu et celui de tous leurs congénères. Ils ont la jeunesse. Ils veulent un avenir. Leur souci est légitime. Alors ils veulent débattre de l’avenir qu’on leur propose. C’est Lamia Temimi, gérante de l’agence de Com’ Sawa, primée à l’international en 2010, qui s’est chargée de l’organisation de l’évènement. Entre autres innovations, on salue la transmission en streaming du débat, ce qui a permis à d’autres étudiants de suivre les échanges et de pouvoir intervenir à distance, notamment par mail.
Mustapha Mezghani d’Afek Tounes, Mahmoud Smaoui de PDP, Abdelaziz Darghouth d’Ettakatol, et Pr Mahmoud Ben Romdhane d’Ettajdid ont répondu à l’appel. On leur a donné à répondre à trois thèmes d’extrême importance: le modèle social, le développement régional et l’emploi. Chaque parti a défendu ses couleurs et ses convictions et on n’a eu à déplorer la moindre friction. C’était un débat de haute tenue et de haute facture.
Beaucoup d’idées et beaucoup d’échanges. Les étudiants montaient au filet avec fougue, intérêt et un questionnement structuré et rigoureux. Et même si le débat, au demeurant débridé, franc, courageux, était effervescent, il était convergent. L’appel pour un Etat présent dans la vie économique avec des attributions étendues était clair. Mais dans une configuration moderne, c’est-à-dire sans archaïsmes, sans anachronismes et sans bureaucratie. La volonté de justice sociale était nette. Et le désir d’intégration régionale était dominant. Les étudiants rêvent de voir une synergie nationale, en action.
Le sentiment national est dominant
Cette rencontre a littéralement baigné dans une atmosphère de prospective économique. Les représentants des partis ont manifesté un répondant remarquable. Un dialogue réel s’est instauré, dans la différence et le respect d’autrui. Cette parenthèse d’université d’été était d’un grand apport. On a vu à l’épreuve ce désir d’appartenance à la Tunisie de la Révolution de la Dignité qui atteint un niveau fusionnel. L’unité nationale est une réalité dans notre pays et cette volonté de communauté d’avenir est un ciment patriotique, de bon aloi. Sans doute, un gage de plus, pour la réussite de la transition.