îne de production deu Freelander de Land Rover à Pimpri, dans le Maharashtra le 27 mai 2011 (Photo : Indranil Mukherjee) |
[01/08/2011 12:11:05] NEW DELHI (AFP) Le durcissement de la politique monétaire de l’Inde pour lutter contre l’inflation, présenté comme un sacrifice nécessaire à la croissance, commence à affecter l’activité économique d’un pays qui rêvait il y a encore peu de renouer avec son insolente vigueur d’avant la récession.
Alors que l’Inde pensait retrouver d’ici mars 2012 le “chiffre magique” de 9% de croissance annuelle, un rythme perdu depuis la crise financière mondiale, la troisième puissance économique d’Asie se voit aujourd’hui contrainte de réviser à la baisse ses ambitions.
Après de légers réajustements des prévisions annuelles ces derniers mois, le Comité du conseil économique auprès du Premier ministre a annoncé lundi qu’il tablait désormais sur un taux de 8,2%, soit une performance moins bonne qu’en 2010-2011 (+8,5%).
Le ministère des Finances a lui aussi récemment révisé ses objectifs, visant officiellement 8,6%. Mais certains économistes indépendants se montrent encore moins optimistes, allant jusqu’à évoquer un taux de 7,3%.
Ce pas en arrière, que tente de dédramatiser le gouvernement, s’explique par le resserrement drastique de la politique monétaire, afin de tordre le cou à une inflation proche des 10%. Elle était en juin de 9,44%, soit le taux le plus élevé d’Asie, et même des grandes économies Russie mise à part.
La Reserve Bank of India (RBI), la banque centrale, a relevé la semaine dernière pour la 11e fois en moins de 18 mois ses principaux taux d’intérêt.
Et le ministre des Finances, Pranab Mukherjee, a prévenu qu’il fallait s’attendre à des tours de vis supplémentaires pour enrayer la hausse des prix, car, a-t-il mis en garde, le pays n’est pas “au bout du tunnel” en la matière.
à new Delhi, le 17 février 2004 (Photo : Emmanuel Dunand) |
Le président du Comité du conseil économique, C. Rangarajan, a confirmé lundi que la RBI devrait garder le cap de cette politique monétaire jusqu’à ce que l’inflation montre “des signes définitifs de ralentissement”. Il table sur une inflation se rapprochant des 6,5% d’ici mars 2012.
Si le gouvernement juge qu’il faut en passer par là pour le bien de la croissance à moyen-long terme, plusieurs indicateurs clé signalent un coup de froid de l’activité économique d’un pays, considéré depuis quelques années par les investisseurs étrangers comme une destination stratégique.
La progression du secteur manufacturier, qui compte pour 75% de la production industrielle, a ainsi atteint son plus bas niveau en juillet depuis 20 mois, selon un indice mesuré par HSBC et fondé sur une enquête auprès de 500 entreprises.
“Le rythme a encore marqué le pas en juillet du fait d’une baisse de la production et de nouvelles commandes”, a commenté l’économiste en chef de HSBC Inde, Leif Eskesen. Mais il s’agit, selon lui, d’une “bonne nouvelle car il faut contrôler l’inflation” et arrêter la surchauffe de l’économie indienne.
Indicateur phare de la santé économique, l’automobile montre aussi des signes de fatigue: les ventes de voitures ont progressé à leur plus faible rythme depuis deux ans en juin.
Le plus gros constructeur, Maruti Suzuki, a en outre annoncé lundi avoir enregistré en juillet la plus grosse chute de ses ventes depuis qu’il s’est lancé sur le marché indien en 1983. Ses ventes ont plongé de 25,3% sur un an.
La nouvelle estimation de 8,2% de croissance maintiendrait toutefois l’Inde en deuxième position des pays ayant la plus forte croissance, après la Chine.
Mais elle resterait loin derrière l’objectif de 10%, seuil à partir duquel le pays pourrait réduire son niveau de pauvreté, selon les calculs du gouvernement.