L’Italie et l’Espagne replongent la zone euro dans la crise de la dette

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ût 2011 à Luxembourg (Photo : Georges Gobet)

[03/08/2011 09:52:01] LUXEMBOURG (AFP) Les marchés ont à nouveau plongé la zone euro dans la tourmente moins de quinze jours après un sommet censé empêcher la contagion de la crise de la dette, avec des attaques contre l’Italie et l’Espagne qui ont vu les taux auxquels elles empruntent s’envoler.

A Madrid, le Premier ministre, José Luis Zapatero, a convoqué une réunion dans l’après-midi avec la ministre de l’Economie, Elena Salgado, “pour analyser les derniers mouvements des marchés financiers”.

L’Espagne doit passer jeudi un test face aux marchés avec une émission obligataire de 2,5 à 3,5 milliards d’euros.

Le ministre italien des Finances, Giulio Tremonti, s’est pour sa part rendu mercredi matin à Luxembourg pour rencontrer le chef de file des ministres des Finances de la zone euro et Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker. Il n’a fait aucune déclaration lors de son arrivée vers 08H00 GMT.

Rien n’a été dévoilé en amont sur la teneur de cet entretien aux allures de réunion de crise, alors que l’Italie a vu les taux auxquels elle se finance sur les marchés atteindre mardi des niveaux inédits et difficilement soutenables.

Mais la rencontre des deux responsables politiques vise à rassurer des marchés qui s’inquiètent à nouveau de l’endettement colossal de Rome, après un premier accès de fièvre mi-juillet.

Car l’Italie pèse à elle seule plus de deux fois plus que les trois pays sauvés à ce jour de la banqueroute: Grèce, Irlande et Portugal. Si elle cédait, toute la zone euro serait menacée.

Or, en cette période estivale, rien ne semble prêt pour empêcher une contagion de la crise de la dette à un nouveau pays de la zone euro.

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ût 2011 à Palma de Mallorca (Photo : Jaime Reina)

La Commission européenne a exclu mardi toute discussion sur un plan de sauvetage pour l’Italie ainsi que pour l’Espagne.

En attendant, les outils définis lors du sommet de la zone euro du 21 juillet ne sont pas encore mis en place, notamment le rachat de dette sur le marché secondaire (où sont échangés les titres déjà en circulation) par le Fonds européen de stabilité financière.

Autre problème: la taille de ce fonds mis en place en 2010 pour aider l’Irlande puis le Portugal n’est que de 750 milliards d’euros avec une garantie effective de prêts de 440 milliards d’euros, rappellent les analystes. Ce qui semble insuffisant pour aider, si besoin est, Rome ou Madrid.

Prenant la mesure des événements, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi doit intervenir devant le Parlement dans la soirée et pourrait annoncer à cette occasion des mesures pour relancer l’économie.

De son côté, M. Tremonti avait déjà mardi convoqué une réunion du comité pour la sauvegarde de la stabilité financière, qui rassemble la Banque d’Italie, l’autorité boursière et le régulateur des assurances.

Le comité avait tenté de rassurer les investisseurs en déplorant que l’Italie fasse l’objet de “tensions dérivant d’incertitudes internationales malgré la réduction progressive du déficit public”.

Une opinion partagée mardi dans une tribune par le président de l’Union européenne, Herman Van Rompuy, qui pourrait devenir “le patron” de la zone euro, comme l’a confirmé M. Juncker à la presse.

M. Van Rompuy a jugé “surprenant” que le coût d’emprunt de pays comme l’Italie et l’Espagne augmentent depuis le sommet du 21 juillet, en dépit de fondamentaux plutôt rassurants.

M. Tremonti s’était également entretenu par téléphone mardi soir avec le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn.

L’Italie a beau avoir adopté en urgence mi-juillet une sévère cure d’austérité, elle inquiète toujours les investisseurs en raison de son énorme dette (environ 1.900 milliards d’euros soit 120% de son PIB), d’une croissance atone et de l’incertitude pesant sur l’avenir du gouvernement.