La BCE sous pression pour aider à résoudre la crise de la dette

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ésident de la BCE Jean-Claude Trichet, le 30 juin 2011. (Photo : Georges Gobet)

[04/08/2011 09:20:55] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) Tous les regards étaient braqués jeudi sur la Banque centrale européenne (BCE), qui réunit son conseil des gouverneurs, dans l’espoir qu’elle aide à apaiser la crise de la dette en zone euro qui touche désormais l’Italie et l’Espagne.

Elle doit prendre “des mesures plus sérieuses pour repousser les spéculateurs, via un achat de bons et d’actions de manière concertée avec d’autres banques centrales (…) ou envoyer un message pour dire que cela ne peut pas continuer”, estime Angel de Molina Rodriguez, analyste chez Tressis.

Nuria Alvarez, analyste pour la maison de courtage espagnole Renta 4, juge lui que “la BCE devrait être en train d’acheter de la dette (des pays en difficulté)”. Or “elle n’achète rien depuis mars, c’est incompréhensible”.

C’est donc autour de ce programme de rachat d’obligations sur le marché secondaire, là où s’échangent les titres déjà émis, que devrait tourner en grande partie la conférence de presse qui suit la réunion de la BCE, n’en déplaise à son président Jean-Claude Trichet.

La BCE avait accepté, à contre-coeur, de s’acquitter de cette tâche au printemps 2010, pour tenter d’enrayer la crise de la dette grecque et éviter, déjà, un effondrement de la zone euro.

Mais elle ne le met plus en application depuis 18 semaines, estimant qu’elle a fait assez et que ce sont aux responsables politiques européens de trouver une solution définitive aux soubresauts qui secouent la région.

Le 21 juillet, lors d’un sommet à Bruxelles pour adopter un nouveau plan de sauvetage d’Athènes, elle a obtenu que le Fonds européen de stabilité financière (FESF), mis en place pour prêter aux Etats en difficulté de la zone euro, puisse la relayer.

Mais le FESF ne pourra sans doute pas intervenir avant fin septembre au plus tôt et sa taille – 440 milliards d’euros de capacité de prêts – est jugée insuffisante par certains intervenants sur les marchés pour pouvoir s’adresser aux problèmes de l’Italie et de l’Espagne.

Cette dernière a émis jeudi pour 3,311 milliards d’euros d’obligations à 3 et 4 ans, à des taux d’intérêt en forte hausse par rapport aux dernières émissions similaires, au lendemain d’une journée de crise.

L’Espagne et l’Italie ont été la cible des attaques des marchés mardi et mercredi, contraignant leurs deux gouvernements à monter au créneau. Jeudi matin, les marchés restaient tendus quoique légèrement orientés à la hausse, dans l’attente de la réunion de la BCE.

De fait, celle-ci “reste le seul rempart crédible à une panique”, estime Christian Schulz, de Berenberg Bank.

Ses confrères de RBS estiment que la banque centrale européenne va être “obligée de reprendre ses achats avant la fin de l’année”.

Toutefois, elle vendra cher son intervention, juge Gilles Moëc, de Deutsche Bank, l’expérience du printemps dernier l’ayant échaudée.

En acceptant d’intervenir sans condition, les gouverneurs de l’institution monétaire de Francfort estiment “que cela a retardé les ajustements nécessaires dans certains pays périphériques”. La BCE pourrait ainsi réclamer une garantie du FESF pour toutes les obligations rachetées, selon lui.

Il ne fait de doute en revanche pour personne que le conseil des gouverneurs de la BCE va maintenir inchangé à 1,5% son principal taux directeur, tandis que le scénario d’une nouvelle hausse en octobre, qui avait jusqu’ici les faveurs des économistes, paraît obsolète.

“La fenêtre de tir semble se refermer plus vite que prévue”, note Carsten Brzeski, d’ING.

D’autant qu’outre la crise de la dette, l'”affaiblissement considérable” de la reprise en zone euro, va amener la BCE à revoir son calendrier, estime Christian Schulz.

Jean-Claude Trichet laissera le soin à son successeur à compter du 1er novembre, l’Italien Mario Draghi, le soin d’annoncer la prochaine hausse pour décembre, estime cet analyste.

Les tensions sur l’euro ont en tout cas renforcé le rôle de valeur refuge du yen, au plus haut depuis l’après-guerre, obligeant jeudi la banque du Japon à intervenir.