En difficulté, Carrefour réorganise sa direction

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état de Rio de Janeiro, au Brésil, le 4 juillet 2011 (Photo : Vanderlei Almeida)

[04/08/2011 19:35:46] PARIS (AFP) Après un cuisant échec au Brésil et alors qu’il peine à redresser la barre en France, le groupe Carrefour, numéro deux mondial de la distribution, a annoncé jeudi une réorganisation de sa direction en plein milieu d’un plan stratégique censé lui donner un nouveau souffle.

Le distributeur a fait savoir que Pierre-Jean Sivignon, 54 ans, directeur financier du groupe néerlandais Philips, sera à compter du 1er septembre son directeur financier.

Il remplace à ce poste Pierre Bouchut, 55 ans, arrivé dans le groupe en mai 2009 et considéré comme l’auteur du plan de redressement à trois ans, axé sur la rénovation des hypers européens sous la bannière Carrefour Planet, en cours de déploiement.

M. Bouchut reste au sein du groupe comme directeur exécutif des marchés en croissance. Il prendra ses nouvelles fonctions le 1er novembre, après une période de transition de deux mois avec le nouveau directeur financier. Thierry Garnier, titulaire actuel du poste, sera fixé sur son sort dans les prochaines semaines, indique Carrefour.

Ces changements interviennent au moment où le groupe français traverse une mauvaise passe: son action a chuté de quasiment 40% en Bourse depuis le début de l’année. Ses parts de marché en France, son premier marché, s’effritent. Ses opérations financières se soldent quasiment les unes après les autres par des échecs.

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ût 2009 à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

Le dernier couac remonte à juillet, quand Carrefour a été contraint de renoncer à son projet de fusion au Brésil entre ses actifs locaux et CBD Pao de Açucar, filiale de son concurrent Casino, après une farouche opposition du groupe stéphanois et le retrait de l’homme d’affaires brésilien Abilio Diniz, fondateur de CBD.

Pierre Bouchut, ancien directeur financier de Casino, paierait cet échec, selon des analystes, d’autant plus que Carrefour tire sa croissance des pays émergents. Le Brésil est même devenu le deuxième marché après la France, avec des ventes totalisant 3,3 milliards d’euros au premier trimestre, en hausse de 22,4%.

“Comme l’opération a été un échec il en résulte que sa place a été remise en question”, estime Gilles Goldenberg, consultant indépendant.

Selon des sources de marché ayant requis l’anonymat, M. Bouchut “était fragilisé depuis l’échec brésilien et son remplacement est une façon pour le PDG Lars Olofsson, avec qui ses relations étaient mauvaises, de reprendre les choses en main”.

Chez Carrefour, on assure que le remplacement de M. Bouchut n’est “pas un message subliminal”. “On est dans un plan de transformation (…) Il (M. Bouchut) reste sur un sujet aussi important que les marchés émergents”, a affirmé à l’AFP un porte-parole du groupe.

Au-delà du cas personnel de M. Bouchut, la direction générale “est sur la sellette, sous la pression d’actionnaires qui ont un niveau d’exigence élevé et qui ont été déçus de leur investissement”, avance M. Goldenberg.

Carrefour cotait 53 euros lors de l’entrée à son capital en 2007 de l’alliance du fonds Colony Capital et de l’homme d’affaires Bernard Arnault (14% du capital et 20% de ses droits de vote), contre 18,5 euros jeudi.

Et le recul est loin d’être terminé tant les difficultés s’accumulent pour le numéro deux mondial de la distribution.

En mai, il avait déjà suspendu le projet controversé de mise en Bourse d’un quart de sa foncière Carrefour Property, qui détient les murs de ses magasins. Le 13 juillet, il a dit anticiper une chute de 23% de son résultat opérationnel au premier semestre en raison de ses mauvaises performances en France.

Dans l’Hexagone, Carrefour peine. Il est en retard dans l’e-commerce non alimentaire, où Casino a pris de l’avance avec CDiscount, ou sur le “drive”, service qui permet aux clients de faire leurs courses sans sortir de leur voiture après avoir passé commande sur internet, où il s’est laissé distancer par Leclerc et Auchan.

A la fin du mois, le 31 août, Carrefour présentera un “plan d’action” pour la France, avec une remise à plat de sa politique promotionnelle et de fidélité, afin de s’orienter davantage vers des prix bas permanents.