La zone euro se mobilise pour éteindre l’incendie sur les marchés

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éléphone (Photo : Philippe Wojazer)

[05/08/2011 10:07:18] BRUXELLES (AFP) Face aux mouvements de panique sur les marchés et le spectre d’une contagion de la crise de la dette, les dirigeants européens n’ont pas d’autre choix que de chercher à rassurer des investisseurs de plus en plus inquiets de l’avenir de la zone euro.

Après une séance noire jeudi, les Bourses reculaient fortement vendredi matin, en Europe comme en Asie. Signe que la contagion menace, les primes que doivent payer sur les marchés l’Espagne, l’Italie et la France ont atteint dans la matinée des niveaux records depuis la création de la zone euro.

En plein mois d’août et seulement deux semaines après un sommet censé endiguer la crise, plusieurs responsables politiques se mobilisent pour tenter une nouvelle fois d’éteindre l’incendie.

Au programme de cette journée : une déclaration vers 12H20 à Bruxelles du commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, qui a interrompu ses vacances face à l’ampleur de la crise.

Objectif : “rassurer” et “inviter au calme” alors que les fondamentaux économiques n’ont pas changé, a indiqué une porte-parole de la Commission; ainsi que clarifier les propos du président de la Commission José Manuel Barroso.

Le chef de l’exécutif européen avait reconnu jeudi que la crise de la dette ne concernait plus seulement les pays les plus fragiles de la zone euro et avait fait un bilan en demi-teinte du sommet de la zone euro.

Des déclarations qui avaient mis de l’huile sur le feu.

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éen aux Affaires économiques Olli Rehn, le 23 juin 2011. (Photo : John Thys)

Dans un entretien à la BBC vendredi matin, Olli Rehn a également fait savoir qu’un rapport sur la faisabilité des “euro-obligations” serait remis à l’automne.

Cette solution permettrait aux pays de la zone euro de mutualiser une partie de leurs emprunts, avec un taux d’intérêt moyen où les pays puissants protègeraient les plus fragiles. Portée par les pro-européens, cette hypothèse est aujourd’hui vivement rejetée par plusieurs pays, dont l’Allemagne.

Mais y réfléchir prouve que la zone euro étudie plusieurs pistes pour renforcer sa gouvernance et se doter d’outils anti-crise sur le long terme.

Autre temps fort attendu : une conférence téléphonique doit avoir lieu entre le président français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre espagnol José Luis Zapatero, qui a déjà repoussé ses vacances cet été pour suivre de près l’évolution de la situation.

Aucun détail n’a filtré sur cet entretien.

Le président français s’est entretenu mercredi et jeudi avec le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, dont les annonces n’ont visiblement pas calmé les marchés jeudi. Bien au contraire.

En annonçant de nouveaux rachats de dettes souveraines, M. Trichet répondait à une demande des marchés; mais son discours a rappelé aux investisseurs la fragilité de l’économie et l’ampleur de la crise.

En outre, les rachats réalisés jeudi n’auraient porté que sur la dette portugaise et irlandaise, deux pays couverts par un plan de sauvetage, selon plusieurs sources de marché. Or les problèmes sont actuellement en Espagne et en Italie, qui, à elles deux, pèsent 30% du PIB de la zone euro.

“La question reste désormais de savoir si les rachats de dette périphérique sont suffisants pour faire baisser les taux sur le marché obligataire. Tant que cette mission sera faite avec peu d’enthousiasme, cela sera certainement trop peu”, estime l’économiste d’ING Carsten Brzeski.

L’un des membres du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), le Belge Luc Coene, n’a pas exclu un rachat de titres italiens ou espagnols par l’institut de Francfort. A condition toutefois que les pays en question fassent au préalable les efforts nécessaires.

Vendredi, des rumeurs de marché évoquaient de possible rachats de dettes italienne et espagnole par la BCE.