La Tribune suspend sa version papier pour cause de vacances

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à Paris (Photo : Fred Dufour)

[05/08/2011 14:34:12] PARIS (AFP) Le quotidien économique La Tribune ne sortira pas des rotatives pendant deux semaines pour cause de vacances, une initiative inédite dans la presse quotidienne justifiée par les sérieuses difficultés du journal à la recherche d’investisseurs.

En première page, le journal a sobrement annoncé vendredi à ses lecteurs que pendant deux semaines, il ne serait disponible que pour ses abonnés et uniquement en format numérique, sur mobile, PC ou tablette.

“Une sélection des articles du journal sera disponible dès 08H00 du matin sur le site ou les applications mobiles de La Tribune”, indique le journal.

Ce choix permet à la Tribune de faire d’importantes économies car les coûts de fabrication, de papier, d’impression et de diffusion peuvent représenter jusqu’à 60% du prix de vente d’un quotidien, explique un éditeur de presse.

“Autrement dit, en période de disette publicitaire comme les mois d’été, mettre en vente un journal peut coûter plus cher que ce que cela rapporte”, dit-il.

Traditionnellement, les quotidiens nationaux réduisent fortement leur pagination pendant la trêve estivale. Libération ou Le Monde descendent à 24 pages contre 40, Le Figaro se réduit à 18 pages (hors pages économiques). Quant aux journaux gratuits, comme 20 Minutes ou Métro, ils suspendent purement et simplement leur éditions papiers pendant plusieurs semaines.

En grave difficulté financière, La Tribune avait bénéficié d’une prolongation de son sursis en juin, maintenant l’entreprise pour six mois supplémentaires en procédure de sauvegarde.

Ce statut décidé par le tribunal de commerce de Paris lui permet de geler temporairement ses créances. La direction de La Tribune avait annoncé en juin un plan social supprimant 17 postes, provoquant deux jours consécutifs de grève.

La PDG Valérie Decamp, qui avait pris le contrôle du journal pour un euro symbolique, a assuré que la réorganisation envisagée était “inéluctable” et estimé les besoins de recapitalisation du titre à cinq millions d’euros.

Jamais le titre, né au début des années 1980 puis fusionné au quotidien boursier La Cote Desfossé, n’est parvenu à l’équilibre, changeant de mains à plusieurs reprise avant d’être racheté en 2003 par LVMH. Bernard Arnault y a injecté des millions d’euros par dizaines avant de le céder en 2008 à Alain Weil, qui contrôle BFM et RMC. Ce dernier a jeté l’éponge un an plus tard malgré les 45 millions d’euros qu’il avait reçu du vendeur (soit trois ans de pertes).

Le déficit s’était élevé à neuf millions d’euros en 2010 et à quatorze millions en 2009.

La décision de la Tribune de suspendre pour deux semaines l’édition papier s’inscrit aussi dans les objectifs clairement affichés par Valérie Decamp, qui entend donner la priorité au numérique dans l’espoir d’attirer des investisseurs.

Elle avait tenu en juin dernier à rassurer les salariés qui craignaient une disparition pure et simple du journal papier. La Tribune “est et restera un grand quotidien national”, avait alors affirmé la direction du journal.