Voici Ramadan et revoilà le focus sur l’audience. En espérant que les chaînes
nous éviteront le Ramdam de la grande discorde sur les scores.
Fidèle au poste, le bureau d’études SIGMA Conseil publie les premières mesures
journalières d’audiométrie pour le mois de Ramadan. L’agence utilise les mêmes
méthodes d’investigation et d’échantillonnage. Les résultats pour le classement
des chaînes, des émissions phare et de la Pub’ connaissent quelques
bouleversements. Toutefois, la physionomie d’ensemble évolue selon des tendances
lourdes déjà énoncées.
La domination des chaînes locales
De même qu’on peut le voir sur le tableau, les chaînes locales, comme le
répétait Hassen Zargouni, DG de Sigma, ont fini par avoir le dessus sur les
chaînes satellitaires arabes et mêmes chaînes françaises. Il avait coutume dire
que “le Tunisien vit en Tunisie, a le cœur en Orient et la tête en Europe“.
Désormais, le téléspectateur local vit et vibre tunisien, phénomène encore plus
appuyé, depuis un fameux 14/01. Cette “correction technique’’, dirions-nous, de
l’audimat tunisien qui privilégie les networks locaux, affirmait-il, est
conforme à la norme mondiale. Et d’ajouter que cette rectification a eu lieu
suite à la privatisation de la télédiffusion qui a permis l’arrivée de Hannibal
TV et de Nessma, ainsi que de la téléproduction (programmes).
Cependant, et c’est une première cette année pour le Ramadan de l’an 1432 de
l’Hégire, il y a une inversion du classement dans le peloton de tête.
Les chaînes privées arrivent en tête quasiment et distancent de loin la chaîne
publique. Sacrée revanche. Mais de même que le précisait notre «limier», la
chaîne publique 1 avait gagné ses galons de leader grâce au rachat des émissions
d’Endemol, la société d’entertainement européenne. A présent que la compétition
se fait à armes égales, les scores ont été changés.
La grille de programmes : Facteur de choix
L’engouement des téléspectateurs est fonction des grilles de programmes. On peut
constater en effet que les scores des émissions phares se conforment, presque,
au classement de la mesure d’audience. Et en la matière, ce sont les feuilletons
qui commandent la partie. En dehors d’une pale apparition pour le JT en 3ème
jour, le «prime time» est une chasse gardée du feuilleton. L’actualité et la
politique sont reléguées. Outre «Caméra Intikalya», les autres émissions sont
des suites. Par conséquent, les succès passés ont également une part d’impact
dans la sélection des téléspectateurs.
On peut donc observer que la physionomie des deux classements est presque
identique et que la montée en audience des émissions et celle des chaînes sont
presque corrélées.
Télé et business
Sigma a publié également les classements des spots publicitaires selon le mode
Recall. Ce procédé consiste à interroger les téléspectateurs le lendemain du
passage de la pub et de voir quels ont été les spots les plus mémorisés. C’est
un indicateur important dans les études d’impact.
La physionomie d’ensemble n’a presque pas bougé. Le patron de Sigma avait
coutume de dire qu’en Tunisie «l’on bouffe et l’on cause». En effet, sur les dix
spots marquants, 8 concernent l’agroalimentaire, et 2 les opérateurs de
téléphonie. Les lessiviers, bien qu’ayant signé leur entrée, ne font pas encore
tilt. Les autres pub’ majeures, à savoir l’auto et la finance avec les banques
notamment, ne sont pas encore présentes de manière significative. Cela laisse de
la marge. La progression des Investissements publicitaires possède une forte
possibilité de progression d’autant que beaucoup d’entreprises relevant du clan
des B-A-T, aujourd’hui confisquées, ne communiquent pas beaucoup, suite, dit-on,
à une certaine aversion des gestionnaires juridiques. Bien du business en vue.
Le day time, toujours absent
Ramadan 1432 ne bouscule pas la donne. Les changements observés étaient, pour la
plupart prédictibles. Il reste que la télé a encore du champ en matière de
business marchand car les grilles ne remplissent qu’une partie de la soirée,
laissant vacant le day time. Bien entendu les méthodes d’investigation étant les
mêmes, donc on conserve les mêmes critiques que les années passées. Le seul
confort de cette situation est que nous sommes exempts de «biais statistiques»
pour traiter les résultats.