La zone euro fait le dos rond grâce au répit obtenu par le BCE

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ège de la Banque centrale européenne à Francfort, le 4 août 2011 (Photo : Frank Rumpenhorst)

[08/08/2011 18:23:15] BRUXELLES (AFP) Après un week-end de mobilisation, les dirigeants de la zone euro se sont faits discrets lundi, surveillant les marchés financiers et prenant bonne note de l’intervention de la Banque centrale européenne (BCE) qui semble avoir soulagé l’Italie et l’Espagne.

Alors que les Bourses mondiales ont chuté, ébranlées par la dégradation de la note américaine, les taux des emprunts espagnols et italiens à 10 ans se sont eux fortement détendus, repassant sous les 6%.

Autre signe positif: l’écart avec la dette allemande, qui sert de référence, est revenu autour de 300 points contre 400 il y a moins d’une semaine. Une respiration bienvenue pour Rome et Madrid qui voient ainsi le coût auquel elles se financent sur les marchés baisser.

A l’origine de ce mouvement, l’intervention de la BCE qui s’est engagée ce week-end à intervenir de manière “active” sur les marchés, autrement dit à acheter de la dette italienne et espagnole. L’ampleur de cette intervention n’est pas connue mais ne devrait porter que sur une partie de la dette de deux pays, a confié une source européenne.

L’institut monétaire avait refroidi les investisseurs jeudi en annonçant la reprise de son programme de rachat de dette publique sur le marché secondaire. Selon des sources de marché, la BCE n’aurait alors acquis que des titres irlandais et portugais, alors que l’Espagne et l’Italie étaient sous pression.

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à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

“Seules les banques centrales peuvent apporter une réponse rapide pour éteindre un incendie”, estiment les analystes de la maison de courtage Aurel.

“Les réponses à plus long terme sont dans les mains des politiques, mais, aujourd?hui, ils ne sont plus crédibles sur les marchés”, poursuivent-ils, alors que les Etats-Unis et la zone euro sont confrontés à une crise de la dette.

Reste à savoir si le geste de la BCE suffira à apaiser les tensions jusqu’à la rentrée, date à laquelle la zone euro se remettra en ordre de marche.

“Août sera long!”, confie une source européenne. Aucun projet de réunion des ministres européens des finances ne figure à l’agenda. D’ailleurs, a souligné la source européenne, s’exprimant sous couvert de l’anonymat, “les marchés ne sont plus convaincus par ces réunions”.

“Le rachat de dette italienne et espagnole (par la BCE, ndlr) ne va pas s’attaquer aux fondamentaux économiques et budgétaires des deux pays”, rappelle de son côté Jonathan Loynes, chef économiste chez Capital Economics.

Saluant le geste de la BCE, le président de l’Union européenne Herman Van Rompuy a appelé à aller plus loin, en mettant en place les décisions prises lors du sommet de la zone euro le 21 juillet. Parmi elles, figure le rachat de dette publique en circulation par le Fonds de soutien européen (FESF).

“La ratification urgente des avancées rendant ce fonds plus efficace et plus flexible est décisive pour que le marché reprenne confiance”, a-t-il affirmé dans un communiqué.

Ces avancées doivent encore être approuvés par les Parlements nationaux, ce qui va prendre plusieurs semaines et se fera à la rentrée.

Mais de nombreux analystes et pro-européens estiment que cette solution est encore incomplète, car la taille du fonds ne permet pas actuellement de venir en aide à l’Italie ou à l’Espagne, troisième et quatrième économie de la zone euro.

Alors que Paris, par la voix de son ministre de l’Economie, a estimé que “s’il fallait aller plus loin, nous irions plus loin”, Berlin a tout simplement opposé lundi une fin de non recevoir arguant que le FESF devait rester tel quel.

“Le problème est que les Etats veulent conserver toutes les clefs du système. Le mécanisme va dans la bonne direction, mais il reste court d’une tête”, note un proche de la Commission européenne. Et de poursuivre: “il va falloir réévaluer les moyens si nécessaire”.

Certains économistes estiment que la taille du FESF devrait être étendue de 440 milliards d’euros à 1.500 ou 2.000 milliards d’euros, pour financer l’Espagne et l’Italie si elles ne pouvaient plus accéder aux marchés.