Tunisie – politique monétaire après le 14 janvier : Une nouvelle génération de mesures

Au niveau des politiques monétaire et de financement bancaire, les
manifestations de la situation économique dans la phase de post-révolution de
janvier 2011
en Tunisie se sont caractérisées essentiellement par une
progression de la masse monétaire de l’ordre de 2,9% en moyenne au cours du
premier trimestre contre 1,6% pour la même période de l’an passé. En
conséquence, une légère reprise de l’inflation a été enregistrée au cours du
mois d’avril 2011 contre une stationnarité autour de 3% en glissement annuel au
cours du trimestre précédent.

Ces effets résultent directement des récentes réductions du taux de la réserve
obligatoire; la première, en février 2011, de l’ordre de 2,5 points de
pourcentage sur l’encours des dépôts à vue et de 0,5 point sur l’encours des
certificats de dépôts et des autres dépôts soumis à la réserve obligatoire; et
la seconde, en mars 2011, de 5 points de pourcentage sur l’encours des dépôts à
vue, passant globalement de 12,5% à un taux de 5%. Outre les autres opérations
habituelles de refinancement bancaire et d’injections massives de liquidité sur
le marché monétaire à travers les mécanismes hebdomadaires d’appel d’offre de la
BCT qui ont déjà atteint une enveloppe de 1.790 MDT en moyenne sur le marché
monétaire durant les deux premiers mois de 2011, la première mesure de baisse du
taux de la réserve obligatoire a permis de fournir une liquidité supplémentaire
au système bancaire pour environ 360 MDT. En conséquence, la dynamique de baisse
du taux d’intérêt interbancaire moyen s’est poursuivie en passant de 4,65% au
cours du mois de février à 4,56% en mars et 4,44% en avril 2011.

En revanche, la croissance du volume des concours à l’économie, de l’ordre de
3,7% au cours du premier trimestre 2011, a été inférieure à celle enregistrée
pour la même période (3,9%) une année auparavant. En fait, la liquidité
additionnelle a jusque-là permis de contourner les risques d’affaiblissement des
capacités du secteur financier, en raison de l’augmentation des impayés sur les
crédits octroyés aux entreprises et aux particuliers et de l’accroissement des
besoins des banques pour en constituer les provisions.

La question fondamentale étant donc de savoir si le soutien des banques par la
BCT en leur assurant la fourniture en liquidité sera-t-il suffisant pour le
financement des entreprises en crédits d’investissement et en fonds de
trésorerie? A cette question, il semblerait que la nouvelle baisse du taux de la
réserve obligatoire de 5% à son niveau théorique plancher de 2% décidée au mois
de mai 2011 tout en maintenant inchangé le taux d’intérêt directeur de la BCT
contribuerait à la baisse additionnelle du taux d’intérêt interbancaire moyen et
le ferait converger de plus en plus vers le taux de la facilité de dépôt, ce qui
permettrait d’accroître les concours à l’économie.

(IACE- Centre Tunisien des Etudes Economiques – L’Entreprise Tunisienne Face à
la Conduite de la Politique Monétaire: Réflexions et Pistes de réformes – Pr.
Sami MOULEY)