ésident Barack Obama, le 8 août 2011 à la Maison Blanche (Photo : Nicholas Kamm) |
[09/08/2011 07:44:59] WASHINGTON (AFP) La puissance financière inégalée des Etats-Unis, qui donne au dollar un statut quasi intouchable, cache les problèmes structurels de la première économie mondiale: son endettement, sa désindustrialisation, sa perte de compétitivité et ses inégalités.
La perte vendredi de la note “AAA” attribuée par l’agence Standard and Poor’s à la dette de l’Etat fédéral est un sérieux avertissement.
Lundi, le président Barack Obama a dit qu’il l’entendait. “Nos problèmes peuvent être résolus. Et nous savons ce que nous devons faire pour les résoudre”, déclarait-il, parlant du déficit budgétaire.
Il réaffirmait toute sa confiance dans l’économie du pays: “Nous continuons à avoir les meilleures universités, certains des travailleurs les plus productifs, les sociétés les plus innovantes, les entrepreneurs les plus aventureux de la terre”.
Ce tableau patriotique occulte quelques vérités moins agréables à entendre.
Si comme le croit M. Obama, les investisseurs de toute la planète donnent aux Etats-Unis un statut “AAA”, le pays le doit d’abord à la suprématie incontestée de sa monnaie. Soutenu par un secteur financier national surpuissant et la confiance des banques centrales étrangères, le statut du dollar est quasi intact.
“L’économie des Etats-Unis a ses problèmes propres, que nous avons soulignés avec l’abaissement de la note”, rappelait lundi le président du comité de notation des Etats de S&P, John Chambers.
Mais “le dollar restera la monnaie internationale de réserve maîtresse dans tous les scénarios plausibles”, ajoutait-il.
A en juger par sa valeur, il a perdu du lustre. Le Fonds monétaire international soulignait dans son rapport annuel sur l’économie américaine en juillet qu’il est aujourd’hui “à son plus bas niveau depuis des décennies” face aux monnaies des grands partenaires commerciaux.
érence de presse à Washington (Photo : Saul Loeb) |
Cette baisse a pu masquer en partie l’érosion de la compétitivité du pays, ressentie par ses habitants quand la grande majorité de leurs produits de consommation quotidiens sont “made in China”.
“Ils commencent vraiment à s’inquiéter de voir que l’Amérique a perdu son avantage compétitif. Les emplois fuient à l’étranger”, déplorait vendredi le maire de New York, Michael Bloomberg.
Selon l’Organisation mondiale du commerce, la part des Etats-Unis dans les exportations mondiales de biens a chuté de 12,1% en 2000 en à 8,4% en 2010. Le pays a fermé plus de 10.000 usines depuis 2003, selon le décompte d’une publication spécialisée, “Plant Closing News”.
La perte de ces emplois industriels n’a cessé de creuser les inégalités entre diplômés et travailleurs non qualifiés, entre régions, entre groupes ethniques.
L’économie américaine est certes la reine du secteur tertiaire. Et de la finance en particulier.
Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, confiait en février au magazine The New Republic qu’il n’avait “aucun enthousiasme” à l’idée “d’essayer de réduire l’importance relative du système financier” dans l’économie. Il espérait que les banques américaines profitent de l’ouverture des pays émergents aux services financiers étrangers.
Erreur fondamentale, lui répliquait l’ancien économiste en chef du FMI, Simon Johnson. “C’est une vision profondément alarmante, qui équivaut à un pari énorme et mal avisé avec l’avenir de l’économie américaine”, écrivait-il, rappelant les déboires de l’Islande ou de l’Irlande dans la mondialisation financière.
Accroître l’influence de la finance revient à cribler une économie de dettes, le produit que vendent les banques, dénoncent certains économistes. Les crédits utiles cohabitent avec d’autres nuisibles voire destructeurs, comme l’a démontré la crise financière.
Aux Etats-Unis, “vous avez un énorme excès de dette privée, en l’occurrence des ménages”, disait samedi l’économiste Carmen Reinhart sur la chaîne Bloomberg TV.
Interrogée pour savoir ce que cela signifiait pour l’avenir, elle répondait “des problèmes tenaces de chômage” et “une croissance qui n’est pas à la hauteur des autres reprises économiques”.