La grille des programmes des chaînes de télévision tunisienne a de quoi
décevoir. Trois principaux constats peuvent être faits à leur encontre.
Que penser de la
grille des programmes que nous proposent les chaînes de
télévision tunisiennes en ce ramadan 2011? Sans doute pas beaucoup de bien. A ce
propos, trois constats s’imposent.
Le premier? La Révolution tunisienne a, certes, eu lieu. Mais les chaînes de
télévision n’ont pas encore fait leur révolution. La programmation obéit aux
mêmes réflexes d’avant. L’architecture de la grille est la même que celle des
années passées. Avec une entrée tonitruante et une fin en queue de poisson.
Au commencement –entendez après la rupture du jeûne-, des produits frais (les
nouvelles productions) et en fin de soirées des productions diffusées au cours
de l’année, voire des rediffusions sans oublier le service du réchauffé.
Un recours aux archives
Les Wataniya 1 et 2 nous ont fait sortir, à titre d’exemple, aux premiers jours
du mois saint, des étagères de la vidéothèque de l’Etablissement de la
Télévision Tunisienne (ETT) la pièce du «Maréchal» et la série «Haj Klouf», deux
personnages hauts en couleur qui ont eu leur heure de gloire dans les années 60
et 70. Les deux chaînes ont remédié, sans doute, au manque de nouvelles
productions par un recours aux archives. Des archives que l’on dit en mauvais
état puisque détériorées par les mauvaises conditions de production.
Osera-t-on parler de réchauffé en parlant de la «Caméra de transition», la
caméra cachée de Raouf Kouka, qui a lui aussi connu son heure de gloire avant de
connaître, dit-on, une disgrâce en ramadan 2010? Le Palais de Carthage aurait
demandé à ce que son programme, pourtant commandé en bonne et due forme par l’ETT,
soit retiré de la programmation.
Un Raouf Kouka qui continue à ne pas réussir toujours ses coups. Sans oublier
que du bruit a circulé, il y a quelques années, sur le fait que certains des
épisodes de la «Caméra cachée» étaient «trafiqués».
Un gouffre financier
Le deuxième constat a trait à la faiblesse de la grille. Si l’on excepte
quelques productions qui se comptent sur le bout des doigts d’une seule main, la
grille reste pauvre. A cela, il y a, sans doute, des explications. S’il est vrai
que tout le monde savait d’avance, du côté des chaînes, quand allait venir
Ramadan, celles-ci n’ont pas pu bien préparer les productions dédiées au mois
saint.
Force est de reconnaître que les mois de janvier, février, mars, avril et mai,
généralement consacrés à produire les émissions, n’ont pas été de tout repos.
Les télévisions, notamment les chaînes publiques, ont connu des crises de
management et ont dû –révolution oblige- revoir les programmes prévus notamment
en ce qui concerne l’allocation des moyens de production aussi bien des moyens
humains que les moyens techniques.
Ajoutons à cela le manque de moyens financiers. L’ETT avait annoncé, il y a
quelques mois, le gouffre dans lequel se débat encore l’institution: 18
milliards de nos millimes. Ce qui limite beaucoup ses nouvelles acquisitions,
qu’elles soient tunisiennes ou étrangères. Tout le monde sait que l’ETT était
devenu, ces quelques dernières années, quasi insolvables auprès des maisons de
production audio-visuelles arabes qui refusaient de traiter avec elle.
Et le tour est joué!
Dernier constat? La faiblesse du taux des productions dramatiques tunisiennes,
notamment les grands feuilletons pouvant être programmés en soirée, dans la
grille. Soit ce qui constitue le plat de résistance des grilles de ramadan.
Chaque chaîne a pratiquement produit un seul feuilleton. «Nessibeti Lazeeza»
pour Nessma Tv, «Njoum Ellil 3» pour Hannibal Tv, «El Ousted Malek», pour Al
Wataniya 1 et 2, Et le tour est joué!
Ces derniers sont, de plus, programmés, pour l’essentiel, en début de soirée.
Nous sommes loin de ces feuilletons de «mi-soirée» et de qualité d’antan. Qui
retardaient le rush vers les cafés. A ce propos, pourtant écrit par le
talentueux Ali Louati, «El Ousted Malek» reste flou et peu attractif. L’histoire
n’est pas prompte à retenir en haleine le public.
Une impression de routine et de travail bâclé transparaît, donc. La liberté de
ton qui marque la grille, ce qui est en somme un aspect des plus positifs,
montre, en définitive, que la seule liberté ne suffit pas pour faire de bonnes
productions. Elle est indispensable, mais n’est pas suffisante. Les chaînes de
télévision tunisiennes sont appelées, du reste, et sans doute, à revoir leurs
politiques de production.