Les fonds souverains accroissent leur emprise sur le secteur de l’énergie

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érard Mestrallet, le 8 avril 2011 à Montoir-de-Bretagne (Photo : Frank Perry)

[09/08/2011 14:44:17] PARIS (AFP) Souvent eux-mêmes alimentés par l’argent du pétrole et du gaz, les fonds souverains accroissent leur emprise sur le secteur stratégique de l’énergie dans le monde, comme l’illustre l’alliance qui devait être signée mardi entre le Français GDF Suez et le Chinois CIC.

Le géant gazier et le fonds chinois doivent officialiser d’ici mercredi un partenariat qui prévoit notamment une prise de participation minoritaire dans la branche exploration-production de GDF Suez, selon une source proche du dossier.

Pour les fonds de pays riches en hydrocarbures (Koweït, Norvège, Emirats Arabes Unis, Qatar…), l’énergie s’impose comme un secteur de prédilection parce qu’il est un terrain connu et sûr à moyen terme. Pour ceux qui n’en ont pas ou peu, Chine en tête, c’est une voie d’accès, soulignent les analystes.

“Dans le cas de GDF Suez, il est assez clair que les Chinois veulent avoir accès aux ressources énergétiques, étant donné leurs énormes besoins. Et à l’inverse GDF veut avoir accès au marché chinois”, observe Colette Lewiner, directrice énergie du cabinet Cap Gemini.

“Mais de façon générale, en investissant dans l’énergie quand on a un raisonnement de fonds souverain, c’est-à-dire un raisonnement à moyen terme, on est sûr de ne pas se tromper. Les besoins vont être de plus en plus importants alors qu’on sait que les ressources sont limitées”, souligne-t-elle.

Dans le paysage des géants français de l’énergie, les fonds souverains ont fait leur nid ces dernières années, imitant le chemin précurseur de la Norvège devenue en vingt ans le premier investisseur sur les Bourses européennes.

Fin 2010, c’est le fonds du Koweït – la Kuwait Investment Authority – qui a apporté les deux tiers des fonds pour l’augmentation de capital du groupe nucléaire Areva.

Du côté de Total, les fonds souverains – chinois, norvégien, singapourien – représentent désormais “plusieurs pourcents” du capital, selon une porte-parole. Plusieurs fonds nationaux figurent parmi les 20 principaux actionnaires de la plus grande capitalisation française, selon le groupe.

“Leur présence est assez recherchée parce qu’elle contribue à la stabilité à long terme de l’actionnariat”, souligne-t-on chez Total, où la Chine a investi depuis début 2008.

Au sein du fonds de pension norvégien, alimenté par les subsides des hydrocarbures pour financer le système de retraite, quatre valeurs pétrolières (Shell, BP, Exxon, Total) figuraient fin mars parmi les dix premiers investissements.

Le fonds souverain, qui dispute la place de numéro un mondial au fonds d’Abou Dhabi, détenait ainsi 2,9 milliards d’euros dans Shell et 1,6 milliard dans Total, selon l’autorité norvégienne.

Appréciés pour leurs investissements à long terme, les fonds souverains le sont aussi pour la valeur colossale de leurs portefeuilles.

Créé en 2007 en complément du State Administration of Foreign Exchange (SAFE) chinois, le fonds China Investment Corp (CIC) – avec lequel GDF Suez a conclu un partenariat, selon une source proche du dossier – détient ainsi quelque 300 milliards de dollars (210 milliards d’euros).

Le partenariat a suscité les critiques du syndicat CGT, qui a dénoncé un “dépeçage de l?entreprise historique Gaz de France” avec la filialisation prévue de sa branche exploration-production.

Plusieurs responsables gouvernementaux en France s’étaient également inquiétés par le passé de l’influence croissante des fonds souverains dans des secteurs stratégiques.