Chypre : Fitch dégrade la note à “BBB”, plan de sauvetage probable

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à Paris (Photo : Miguel Medina)

[10/08/2011 16:16:55] NICOSIE (AFP) L’agence de notation financière Fitch a dégradé mercredi la note de la dette à long terme de Chypre, la faisant reculer de deux crans à “BBB”, assortie d’une perspective négative, et estimé que le pays aurait besoin d’un plan de sauvetage de l’Union européenne.

Fin juillet, les deux autres grandes agences de notation, Moody’s et Standard and Poor’s avaient déjà abaissé la note de Chypre de deux crans à “Baa1” pour la première, et d’un cran à “BBB+” pour la deuxième, dans les deux cas avec une perspective négative.

“La dégradation de deux crans de la note de Chypre à +BBB+ reflète le dérapage fiscal actuel et à venir”, a expliqué Fitch dans un communiqué, ajoutant que le pays, membre de la zone euro, ne pourrait “pas accéder aux marchés internationaux” pour refinancer sa dette.

Dans les conditions actuelles du marché, “Fitch pense que le gouvernement ne pourra pas faire face à ses échéances sans une assistance officielle externe”, explique le communiqué, tandis que Chris Pryce, analyste de l’agence, a confirmé par téléphone qu’il s’agissait d’une allusion à un plan de sauvetage européen.

Selon l’agence, les besoins de financement de Chypre seront de 1,1 milliard d’euros avant fin 2011 et de 1,2 milliard d’euros en janvier et février 2012.

Le 2 août, la Commission européenne avait assuré qu’aucun plan de sauvetage n’était “sur la table” pour venir en aide à l’Espagne, l’Italie et Chypre, trois pays de la zone euro sous la pression croissante des marchés et des agences de notation.

Le déficit budgétaire chypriote pour 2011 “est désormais près de 7%, et la hausse par rapport aux 4% de la dernière analyse de l’agence en juin ne peut pas être attribuée à l’explosion à la base navale qui a détruit la moitié de la capacité de production énergétique de Chypre”, a cependant insisté Fitch.

Le 11 juillet, l’explosion d’une cargaison d’armes sur une base navale, qui a fait 13 morts, a détruit la principale centrale électrique du pays. Celle-ci produisait 60% de l’électricité de la République de Chypre, qui couvre les deux tiers de l’île, le tiers restant étant sous occupation turque depuis 1974.

Cette destruction “aura un impact considérable sur la croissance de cette année et de l’année prochaine”, avec 1,5 point en moins en 2011 et 2012, et ce alors que “la possibilité d’un dérapage plus important ne peut pas être écartée”, selon Fitch.

De plus, les difficultés de la Grèce voisine font planer une menace sur le secteur bancaire chypriote, dont l’exposition à la dette grecque est “considérable”, puisqu’elle représente environ un quart de ses actifs.

Un plan d’austérité est en cours d’élaboration, mais “l’agence reste inquiète sur les risques liés à son application, en particulier compte tenu de l’incapacité des gouvernements précédents à s’attaquer à la consolidation fiscale et aux mesures de réforme structurelle”, selon le communiqué.