La dette américaine reste une valeur refuge malgré sa dégradation par S&P

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à New York, le 6 août 2011 (Photo : Stan Honda)

[10/08/2011 21:40:44] PARIS (AFP) L’abaissement de la note des Etats-Unis n’a pas diminué l’appétit des investisseurs pour la dette du pays, toujours considérée comme une valeur refuge au même titre que l’or, le franc suisse ou le yen face à un marché des actions au plus bas depuis deux ans.

“Nous ne considérons pas la dégradation (de la note des Etats-Unis) par Standard & Poor’s comme une menace immédiate pour les bons du Trésor américain”, note ainsi Briefing Research dans une analyse sur la situation des marchés.

“Les obligations du Trésor demeurent une valeur refuge, tant et si bien qu’alors que les Etats-Unis s’orientaient vers le défaut (lors des interminables négociations sur le plafond de la dette à Washington, ndlr), elles continuaient d’attirer” les investisseurs, poursuit le cabinet.

De fait, le rebond observé sur les Bourses mardi n’a pas changé la donne. L’inquiétude des acteurs financiers face au ralentissement de l’économie mondiale, au premier rang desquelles celle des Etats-Unis, profite paradoxalement à plein aux obligations américaines.

Elles sont considérées comme des actifs sans risque et bénéficient du statut de monnaie de réserve du dollar.

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ût 2011 (Photo : Mario Tama)

“Le marché des bons du Trésor américains va rester de loin le plus grand et le plus liquide du monde, sans équivalent, et un refuge relativement sûr par ces temps de tensions financières mondiales”, explique Nigel Gault, de IHS Global Insight.

Peu d’actifs jouent ce rôle: l’once d’or, qui atteint des records à près de 1.800 dollars sur les marchés au comptant, et certaines devises, comme le franc suisse et le yen, qui frôlent des sommets.

La zone euro, empêtrée dans sa propre crise de la dette publique, fait hésiter les investisseurs.

Dans ces conditions, la première émission de dette notée “AA+” de l’histoire des Etats-Unis s’est soldée mardi par des prix records et une demande vigoureuse. La demande a atteint 105,2 milliards de dollars, soit 3,3 fois l’offre, un ratio conforme voire légèrement supérieur aux dernières adjudications de bons à trois ans, avant l’abaissement de la note américaine par S&P.

La deuxième, mercredi, a aussi vu des prix records pour l’émission de 24 milliards de dollars d’obligations à dix ans, avec une demande 3,2 fois supérieure à l’offre.

Sur le marché des titres déjà émis, le rendement des titres à dix ans est descendu mercredi à son plus bas niveau depuis décembre 2008, à 2,09%. Il était à 2,56% vendredi, avant la décision de S&P de priver les Etats-Unis de leur “triple A”.

“La dégradation de la dette américaine n?a pas bloqué l’appétit pour les titres du trésor américain des Chinois ou des banques centrales asiatiques”, relève ainsi le cabinet Aurel BCG, qui souligne qu’elles ont représenté 47,9% de l’émission, soit la plus forte proportion depuis mai 2010.

Et la décision de la Fed mardi de maintenir pour deux ans de plus un taux d’intérêt directeur proche de zéro a rassuré les marchés, poursuit-il, en rendant la problématique de la dette “clairement moins forte”. “L’Etat fédéral pourra emprunter à des niveaux de taux très bas, même en cas de redressement de la croissance”, explique-t-il.

“Si vous avez besoin de placer d’importants montants, le marché de la dette américain est toujours le seul” qui soit assez grand pour recevoir les liquidités générées par les grands pays producteurs de pétrole ou les principales nations exportatrices, résume Nicholas Colas, de ConvergEx.

“Un défaut du Japon, des Etats-Unis ou de toute entité souveraine disposant de la capacité d’imprimer sa propre monnaie semble peu probable”, estime Briefing.