Emeutes en Grande-Bretagne : un coup aux petits commerces et au reste de l’économie

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étruite après les émeutes à Enfield, à Londres, le 7 août 2011 (Photo : Leon Neal)

[16/08/2011 10:37:45] LONDRES (AFP) Les émeutes qui ont frappé le Royaume-Uni ont avant tout touché des petits commerces, attaqués par centaines, mais pourraient avoir un impact économique plus large en affectant le moral des consommateurs et l’image du pays à l’étranger, estiment les experts.

Le coût direct des quatre nuits de violence de la semaine dernière est évalué à “plus de 200 millions de livres” (225 millions d’euros) par l’Association des assureurs britanniques, un bilan comparable à celui des émeutes qui avaient secoué les banlieues françaises durant trois semaines à l’automne 2005.

Alors qu’en France les voitures avaient brûlé par milliers, ce sont surtout les magasins qui ont été la cible des violences à Londres, Manchester, Birmingham et ailleurs.

Selon un dernier pointage du Centre de recherche pour le commerce de détail (CRR), 400 magasins indépendants ont été attaqués et pillés, dont une trentaine totalement détruits par les flammes. Sans compter les dizaines de succursales de grandes enseignes, notamment d’articles de sport ou de produits informatiques, prises d’assaut.

Un autre institut de recherche, la Local Data Company, a dénombré 28 centres-villes touchés par les émeutes. Il a estimé que 10% des commerces britanniques avaient été affectés par les événements “directement ou indirectement”, en comptabilisant ceux obligés d’abaisser leur rideau de fer et d’interrompre leur activité.

Le gouvernement a débloqué à leur intention une aide d’urgence de 20 millions de livres (23 millions d’euros) et demandé aux banques d’accorder des facilités de crédit exceptionnelles.

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é par des émeutiers à Croydon au sud de Londres, le 9 août 2011 (Photo : Andrew Cowie)

Le directeur du CRR, Joshua Bramfield, estime néanmoins que les plus fragiles ne survivront pas. “Dans les zones atteintes, un magasin sur 10, voire plus, pourrait être obligé de fermer et il n’y aura pas de candidat pour s’installer à leur place”, a-t-il expliqué à l’AFP.

Mais sa principale inquiétude est que ces émeutes se traduisent par une baisse globale de la consommation dans un contexte économique déjà très déprimé. “C’est un facteur de plus qui va affecter le moral des consommateurs, s’ajoutant à un sentiment général d’inquiétude et d’angoisse, entre la crise de la zone euro et la guerre en Libye”, dit-il.

Un point de vue partagé par Chris Scicluna, analyste pour la banque Daiwa, selon lequel ces troubles “auront un impact direct sur la consommation et portent un coup supplémentaire à une économie déjà secouée”.

Il évoque des retombées possibles sur la croissance du pays, au moment où celle-ci vient d’être revue à la baisse par la Banque d’Angleterre, à 1,4% pour cette année.

Simon Hayes, de Barclays Capital, estime en revanche que l’effet sur le produit intérieur brut (PIB) ne sera “pas significatif”, en soulignant la durée limitée des troubles.

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à Croydon, le 9 août 2011 à Londres (Photo : Andrew Cowie)

Reste l’interrogation, récurrente dans la presse britannique, sur les dégâts provoqués à l’image du pays et leurs retombées possibles en matière de tourisme ou d’investissements étrangers.

Selon un sondage, 83% des entreprises basées à Londres estiment que la réputation de la ville “comme endroit pour faire des affaires” a été endommagée.

A un an des jeux Olympiques, “l’image du Royaume-Uni a reçu un coup important”, s’est alarmé le patron des Chambres de commerce du pays, David Frost. “Il faut maintenant montrer au monde que le pays reste une destination sûre et solide pour l’investissement et les affaires”, a-t-il plaidé.

Le ministre du Commerce Vince Cable lui a répondu en promettant de “travailler avec la communauté des investisseurs étrangers pour restaurer” leur confiance.