Depuis 2003, la Tunisie s’est imposée comme la destination préférée des ressortissants libyens, attirant en moyenne 1,5 million de touristes chaque année. Selon Monitor International (2009), 1,8 million de Libyens ont visité la Tunisie en 2010 et 2 millions étaient attendus en 2013.
Contrairement aux touristes européens, seulement près de 2% des Libyens séjournent dans des hôtels. La plupart préfèrent louer des villas ou des appartements, généralement à proximité des centres d’affaires, de commerce, des zones touristiques et des cliniques. Plusieurs d’entre eux ont investi dans des biens immobiliers et ont acquis des résidences secondaires en Tunisie.
Il n’y a pas de données exactes, mais les experts estiment que les dépenses moyennes par an d’un séjour d’une semaine varient entre 200 à 400 DT. Sur la base de cette hypothèse, nous supposons que les dépenses totales des touristes libyens en Tunisie est de l’ordre de 540 MDT.
En outre, un récent sondage a indiqué que de nombreux Libyens viennent en Tunisie pour solliciter des services de santé. En effet, le tourisme médical est considéré comme l’un des secteurs les plus importants de l’économie tunisienne puisqu’il génère 5% des revenus des exportations du pays et représente 24% du chiffre d’affaire des cliniques privées. En 2010, la Tunisie a accueilli près de 150.000 patients étrangers qui ont généré des dépenses de santé de l’ordre de 400 à 500 MDT. Les patients libyens en représentent la grande majorité, ils occupent 40 à 80% des lits des cliniques dans les plus grandes villes tunisiennes comme Tunis, Sousse et Sfax.
Leurs dépenses allouées aux services de santé sont estimées à environ 350 MDT par an, ce qui représente la plus grande part des dépenses des patients étrangers en ces services.
Selon ces estimations, le total des dépenses des Libyens en Tunisie a été de 890 MDT en 2010, ce qui représente environ 18% des recettes annuelles touristiques de la Tunisie qui étaient de l’ordre de 5.000 MDT.
Le conflit en Libye aura sans doute des effets négatifs sur le tourisme et par conséquent sur l’emploi. Le secteur privé de la santé sera également affecté à court terme. Jusqu’à la fin du mois d’avril 2011, 260.000 Libyens sont entrés en Tunisie, soit 14% du nombre total de ceux entrés en 2010. Sous l’hypothèse d’un arrêt total des arrivées, la perte s’élèverait à 750 MDT, soit l’équivalent de 86% des dépenses des Libyens dans ce secteur en 2010.
Cependant, il est important de noter que de nombreux Libyens ont cherché refuge en Tunisie et envisagent de rester dans le pays pour de longues périodes. Jusqu’à ce jour, plus de 65.000 Libyens résident en Tunisie (l’équivalent de 40% du nombre des arrivées Libyennes au cours de la même période de l’année précédente) et ce nombre ne cesse d’accroître. Cette arrivée massive de réfugiés pourrait éventuellement relancer la demande en Tunisie, stimuler la consommation en compensant ainsi les coûts mentionnés plus haut.
Néanmoins, cet effet dépendra de l’évolution de la situation en Libye.
(Source: BAD)