Selon les auteurs du document de la Banque africaine de développement intitulé
“Impact du conflit en Libye sur l’économie tunisienne“, et à la lecture de leurs
prévisions à court terme de cet impact, celui-ci sera relatif, même s’ils
affirment que certains secteurs vont en souffrir davantage que d’autres.
Récentes tendances macroéconomiques
Dans cette note, les répercussions décrites et analysées à travers les
différents canaux de transmission ne peuvent pas être exhaustives sans tenir
compte de la situation actuelle de l’économie Tunisienne. Les perturbations
politiques et sociales auxquelles fait face la Tunisie depuis janvier 2011 a en
effet conduit à un ralentissement sans précédent de l’activité économique.
Plusieurs secteurs ont été fortement affectés, en particulier le tourisme et
l’industrie manufacturière (essentiellement les entreprises exportatrices). Les
investissements directs étrangers ont également baissé ce qui a provoqué des
retombées négatives sur le secteur financier. De même, la récession a provoqué
une détérioration des recettes budgétaires et un accroissement du taux de
chômage.
Au cours du premier trimestre de l’année 2011, la croissance économique a reculé
de 7,8% par rapport à la même période en 2010. La crise Libyenne accentue la
vulnérabilité de l’économie Tunisienne qui peine à se relever de sa propre
crise.
Prévisions économiques de l’impact de la révolution libyenne
Au cours de l’année 2010, la Tunisie a enregistré un taux de croissance du PIB
estimée à 3,7% (tableau 5, colonne 1).
Durant la même année, l’activité économique et les échanges avec la Libye y
compris à travers le commerce, l’investissement et les envois de fonds des
migrants ont été intenses et ont contribué à environ 0,9 point de pourcentage du
PIB. Selon le modèle de prévision des perspectives économiques pour l’Afrique,
le taux de croissance économique de la Tunisie serait de 1,1% en 2011. Cette
estimation est faite sur la base d’une l’hypothèse moyenne (Colonne 2) qui tient
compte uniquement de la révolution tunisienne (sans considérer la crise
libyenne).
Notre contribution consiste à introduire dans le même modèle les variations sur
l’investissement, la consommation et la balance commerciale estimés tout au long
de la section microéconomique.
Les prévisions sur la croissance du PIB réel figurent dans la colonne 3 .
La crise libyenne est susceptible d’avoir un impact relativement important sur
l’économie tunisienne. La croissance du PIB pourrait connaître une baisse de 0,4
point de pourcentage, pour s’établir à 0,7% en 2011. La réduction des
investissements privés en Tunisie pourrait diminuer la croissance du PIB de 0,2
point de pourcentage et les exportations de 0,3 point de pourcentage. Cependant,
cela devrait être partiellement compensé par un accroissement de la consommation
égal à 0,1 point de pourcentage, expliqué par une demande accrue des libyens
réfugiés en Tunisie, et ayant des ressources financières importantes. Nous
n’émettons aucune hypothèse sur la baisse des importations tunisiennes en
provenance de Libye car le pétrole libyen peut être substitué par le pétrole
Algérien. En effet, la Tunisie bénéficiera des mêmes conditions préférentielles
avec son autre voisin.