L’arrêt de l’accès illimité à l’internet fixe n’est pas à l’ordre du jour

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à son domicile sur internet grâce à un réseau WI-FI (Photo : Georges Gobet)

[22/08/2011 14:20:38] PARIS (AFP) L’évocation par la Fédération des télécoms d’un possible “blocage” de l’accès à l’internet fixe au-delà d’un certain “plafond” de consommation a réveillé les peurs d’une fin de l’internet fixe illimité, une hypothèse peu vraisemblable compte tenu de la concurrence dans le secteur.

Alors que les Français sont habitués depuis des années à l’internet illimité, cette information du site Owni, aussitôt démentie par la Fédération française des télécoms (FFT), a provoqué l’émoi chez les internautes tout le week-end.

A l’origine de la controverse: la publication d’un document de travail de la FFT prévoyant de multiples hypothèses pour des gammes d’offres commerciales futures. Elle évoque ainsi “la réduction de débit ou le blocage” de l’internet fixe au-delà d’un certain “plafond”, mais précise qu’il s’agit “d’exemples”, et évoque également le scénario contraire.

Ce document est issu d’une réflexion menée par les opérateurs avec les associations de consommateurs, à la demande de l’Arcep, le régulateur des télécoms. La FFT regroupe les opérateurs Orange, SFR, Bouygues ainsi que d’autres comme Colt, Prosodie et les opérateurs virtuels (MNVO).

Le texte vise à rendre plus transparente la gestion des réseaux et la notion d'”illimité”, mais “il ne s’agit absolument pas de propositions” concrètes, souligne le directeur général de la FFT, Yves Le Mouël, interrogé par l’AFP.

Ce document a seulement permis de “bâtir une typologie théorique d’offres qui balayent tout ce que les opérateurs pourraient proposer” pour harmoniser leurs offres fixes ou mobiles, selon lui.

“Il n’y a pas de danger de saturation des réseaux fixes aujourd’hui, mais le métier des opérateurs est d’anticiper ce qui va se passer dans deux ou trois ans”, en envisageant soit des solutions techniques soit des “réponses commerciales et marketing” comme une contribution différente des internautes selon leurs usages, ajoute-t-il.

Cependant, minimise M. Le Mouël, il est peu vraisemblable que les opérateurs se lancent dans une limitation des débits “compte tenu de l’intensité de la concurrence qui existe déjà et se développe encore avec l’arrivée de nouveaux interlocuteurs dans l’internet comme les opérateurs virtuel (ou MVNO)”.

“C’est beaucoup de bruit pour rien”, affirme lui aussi Stéphane Dubreuil, associé chez Sia Conseil: “nous sommes sur un marché concurrentiel et un opérateur ne pourra jamais faire cette modification dans ses gammes sans que tous les autres ne la fassent aussi”.

Or, “les opérateurs ne se mettront jamais d’accord d’un point de vue commercial”, assure-t-il.

Numericable, qui n’est plus membre de la FFT, a d’ailleurs immédiatement réagi en se déclarant “pas concerné” par ces réflexions. De même que Free, qui lui n’a jamais fait partie de la fédération.

Bouygues Telecom a également démenti “tout projet de cette nature” concernant ses offres fixes. “Nous sommes attachés à offrir à tous la même expérience de l?internet, sans contrainte particulière” a indiqué l’opérateur.

France Telecom, a pour sa part assuré que s’il existait “une réflexion sur la segmentation des offres”, elle ne concernait pas du tout “une limitation”. “Il n’y a pas de notion de bridage dans la réflexion en cours”, avait affirmé dès samedi un porte-parole.

L’accès illimité à l’internet fixe ne disparaîtra donc pas du jour au lendemain en France. Cependant, ce document “est un cheval de Troie” des opérateurs, craint Edouard Barreiro, en charge des questions numériques au sein de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir.

Celui-ci soupçonne les opérateurs, déjà “extrêmement rentables”, de vouloir par ce biais “créer une segmentation artificielle de l’offre” pour rendre l’accès à internet plus cher.